Sénégal : Khalifa Sall entendu par un juge d’instruction
Khalifa Sall doit être entendu ce lundi après-midi par un juge d’instruction à propos d’un présumé « détournement de deniers publics » portant sur plus de 2,7 millions d’euros. Le maire de Dakar s’estime victime d’un « complot politique ».
« Je sais que ma famille a été choquée, je sais que mes amis ont été choqués ». Puis coulent les larmes de l’élu, sous les applaudissements de ses supporteurs. Une séquence rare, qui s’est déroulée hier, dimanche 5 mars, lors d’une conférence de presse.
Maire de Dakar depuis 2009, Khalifa Sall avait choisi de s’expliquer publiquement à la suite des accusations portées à son encontre par la justice sénégalaise. En cause : un rapport de l’Inspection générale d’État (IGE) pointant le détournement présumé de près de 2,7 millions d’euros d’argent public sur la période 2011-2015, dans le cadre de la « caisse d’avance » de la mairie – une ligne budgétaire mensuelle de 30 millions de FCFA (un peu de plus de 45 700 euros) essentiellement destinée aux populations nécessiteuses.
Instruction en cours
Depuis son audition par les enquêteurs, les 21 et 22 février, l’édile de la capitale sénégalaise se trouve englué dans cette affaire financière où il est reproché à l’équipe municipale d’avoir produit des factures de complaisance pour justifier a posteriori l’utilisation de ces fonds.
Ce lundi, Khalifa Sall et plusieurs de ses collaborateurs vont donc faire face à un juge d’instruction, conformément à ce qu’avait déclaré vendredi le procureur de la République de Dakar, Serigne Bassirou Guèye : « Je vais saisir dès la semaine prochaine le juge d’instruction pour escroquerie portant sur des deniers publics, détournement de deniers publics et faux et usage de faux en écriture, à l’encontre de Khalifa Sall et autres », avait-il annoncé.
Selon le magistrat, les pièces comptables « confectionnées » et relatives à l’achat régulier de riz et de mil par la mairie au bénéfice des populations dakaroises étaient des faux.
Lors de sa conférence de presse, le 5 mars, Khalifa Sall a nié en bloc toute manœuvre frauduleuse. « Je réfute cette accusation », a t-il clamé devant les médias. S’étonnant de cette accusation soudaine, dans un contexte où plusieurs de ses proches ont fait l’objet, début janvier, d’un placement en détention provisoire, le maire de Dakar fait valoir que l’État n’avait jusqu’alors jamais demandé de « justificatifs » concernant la gestion de ce fonds d’urgence alloué à la mairie.
Échéances électorales
Khalifa estime surtout faire l’objet d’un « complot politique ». « Par divers canaux, il m’a été fait savoir que si je voulais que cette procédure cesse, il faut d’abord que je cesse mon ambition politique et mes tournées politiques », a t-il déclaré en conférence de presse.
Entré en dissidence au sein du Parti socialiste (PS), une formation politique ralliée depuis 2012 à la coalition gouvernementale Benno Bokk Yakaar, Khalifa Sall avait annoncé fin décembre qu’il conduirait une liste autonome lors des prochaines législatives, prévues le 30 juillet.
« Si jamais je devais aller en prison sur ce chemin de courage et d’honneur, alors, je suis prêt, a déclaré le maire. Et j’y ai préparé ma mère, mon épouse, mes enfants et mes amis », a ajouté le maire de Dakar. Selon plusieurs sources proches du dossier, le procureur pourrait demander son placement sous mandat de dépôt.
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