Algérie : les réserves de change auront fondu de moitié en juillet
Le niveau des réserves de change passera sous la barre symbolique de 100 milliards de dollars, a déclaré ce lundi le chef du gouvernement algérien Abdelmalek Sellal. Il avait pourtant promis le contraire fin août.
Malgré une récente amélioration du déficit commercial, l’Algérie demeure étranglée par l’érosion des prix du baril de pétrole et continue de puiser dans ses réserves de change pour combler une balance des paiements déficitaire. Le pays, qui reste très dépendant de sa manne pétrolière, devrait franchir un nouveau palier, d’ici cet été. C’est du moins ce que vient d’avancer le chef du gouvernement algérien.
En déplacement à Annaba, ville côtière à l’extrême est du pays, le Premier ministre Abdelmalek Sellal a ainsi laissé entendre ce lundi que les réserves de change de l’Algérie, qui s’établissaient à près de 114 milliards de dollars en décembre dernier, passeront sous la barre de 100 milliards de dollars.
Une barre symbolique que le chef du gouvernement algérien avait lui-même fixé en juillet dernier, affirmant que les réserves de change du pays ne baisseront pas en dessous de ce montant « qu’elles qu’en soient les circonstances ».
Désacraliser la barre de 100 milliards de dollars de réserves.
En marge de la tripartite, une réunion entre le gouvernement, le patronat et l’Union générale des travailleurs algériens, Abdelmalek Sellal semble revenir sur ses engagements. « Il est prévu que ces réserves baissent, en juillet prochain, à 96 milliards de dollars mais vont augmenter de nouveau vers la fin de l’année pour dépasser les 100 milliards de dollars », a-t-il déclaré ce lundi à Annaba, d’après des propos rapportés par l’APS.
Difficile de dire ce qui amène le Premier ministre à prévoir une telle évolution de la courbe des réserves de change, au cours de l’année. Pour certains économistes, Abdelmalek Sellal tente de préparer l’opinion publique à une telle éventualité. « En anticipant une importante réduction des réserves de change, il cherche à désacraliser la barre de 100 milliards de dollars de réserves », souligne Hassan Haddouche, consultant en économie.
L’Algérie franchira cette ligne rouge en 2017, ce n’est qu’une question de mois, s’accordent à dire plusieurs économistes. « Le pays tutoiera le seuil des 100 milliards de dollars de réserves fin 2017, compte tenu du niveau du déficit de la balance des paiements », soutient ainsi Hassan Haddouche.
Et de détailler : « Si le baril de pétrole se maintient dans une fourchette entre 55 et 60 dollars, le déficit commercial devrait s’établir autour de 6 milliards de dollars en décembre 2017. Il en résulterait une balance des paiements déficitaire. Or c’est avec ses réserves de change que l’Algérie parvient à rééquilibrer sa balance des paiements ».
Avant la chute des cours du pétrole, les réserves étaient de 194 milliards de dollars en décembre 2013. À ce rythme, en 2019, anticipait mi-2015 Abdelmalek Sellal, le Premier ministre, les Algériens ne disposeront plus que de 9 milliards de dollars. Ce qui ouvrirait alors franchement la porte à de l’endettement externe, comme ce fut le cas avec le prêt de la BAD consenti en novembre à l’Algérie. Le premier depuis dix ans.
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