Les étudiants tchadiens ne décolèrent pas

Les manifestations suivent les opérations policières. Le mouvement des étudiants tchadiens dure depuis déjà plusieurs mois et un nouveau palier a été franchi : c’est maintenant contre la répression de leur mouvement qu’ils se mobilisent et essaient de gagner le soutien de leurs enseignants.

Des étudiants tchadiens manifestent, en novembre 2011. © DR

Des étudiants tchadiens manifestent, en novembre 2011. © DR

CRETOIS Jules

Publié le 8 mars 2017 Lecture : 3 minutes.

Le procès en appel des 69 étudiants tchadiens, ouvert le 7 mars, a été reporté sine die selon un militant de l’Union nationale des étudiants tchadiens (UNET).

Des peines d’un mois de prison pour outrage à autorité de l’État avaient été prononcées à leur encontre une semaine auparavant. Les étudiants étaient accusés d’avoir perturbé une visite du ministre de l’Enseignement supérieur, Mackay Hassan Taisso, sur un campus de la capitale N’Djamena, le 25 février dernier. Depuis la rentrée de 2016, les étudiants grognent contre la révision des critères d’attribution des bourses qui suit une politique d’austérité décidée par le gouvernement. Très vite, les revendications se sont multipliées, mêlant « la peur du chômage et la colère à cause des arriérés des bourses » explique Hamat, jeune qui émarge à l’UNET.

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Effet boule de neige et appels au calme

Selon ce jeune militant, étudiant à N’Djamena, « la bourse est essentielle. Les étudiants vivent avec. On ne peut pas revenir dessus. » Mais après sept mois de mobilisation estudiantine, c’est aujourd’hui à un effet boule de neige qui dépasse la question sociale auquel on assiste : celui qui articule répression et mobilisation. Les manifestations suivent les arrestations, provoquant elles même des actions policières. Début mars, les étudiants ont obtenu le soutien de lycéens qui ont provoqué l’intervention des forces de l’ordre en empêchant les cours de se tenir dans le calme.

Résultat, pour le moment, « la tension sur les campus est palpable » nous dit Ahmat. Richard Guelem est le président de l’UNET. Il a été libéré le 2 mars après avoir été arrêté le 27 février suite à la visite mouvementée du ministre. Preuve d’une volonté d’apaisement et de maintien du dialogue ? Lui dénonce « une attitude hostile » des autorités vis-à-vis des revendications estudiantines. « Les lacrymogènes, ce n’est pas une réponse à nos revendications » tranche-t-il. Son syndicat compte poursuivre la mobilisation jusqu’à la libération de tous les étudiants maintenus en détention.

Jean Bernard-Padaré, porte-parole du Mouvement patriotique du salut (MPS, au pouvoir), appelle au calme : « Les étudiants doivent comprendre que l’ensemble de la population est appelée à consentir des efforts. Par ailleurs, concernant certaines revendications comme les arriérés de paiement, il faut aussi savoir laisser du temps au gouvernement pour s’organiser. La période est difficile. » Et d’assurer que « beaucoup d’étudiants ont d’ailleurs fait ce choix : certains campus sont calmes. »

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Chercher le soutien des enseignants

Les étudiants cherchent de leur côté du soutien de la part des enseignants et notamment de ceux qui cotisent à l’Union des syndicats du Tchad (UST). Ces derniers, pour le moment, sont en pleines négociations avec le gouvernement à en croire Faustin, professeur à l’université. Eux aussi sont concernés par la politique d’austérité décidée par le gouvernement mais à la mi-février, ils ont décidé de suspendre les grèves sectorielles lancées au mois de novembre 2016, afin de laisser une chance aux discussions.

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« Pour le moment, nous sommes en plein dialogue » nous dit Faustin, qui concède « une ligne de conduite différente » de celle des étudiants, sans nier des proximités sur le terrain syndical. Les enseignants soufflent le chaud et le froid. « Mais une répression trop accrue obligeraient les ‘anciens’ à se solidariser avec nous », assurent les militants de l’UNET. D’autant que, parmi les revendications des syndicalistes, il y a aussi l’annulation de décisions qui sont considérées comme des atteintes au droit de grève. Un sujet qui pourrait servir de point de jonction entre étudiants et enseignants selon Guelem : « Le souci c’est de vouloir empêcher les syndicats de s’exprimer. »

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