Famine au Soudan du Sud : les humanitaires inquiets de l’augmentation du prix des visas

La lutte contre la famine au Soudan du Sud pourrait être gravement affectée par la décision du gouvernement d’augmenter jusqu’à 10 000 dollars le prix d’un visa de travail, se sont inquiétées samedi plusieurs ONG, qui dénoncent une campagne de harcèlement contre les humanitaires.

Au Soudan du Sud, un humanitaire mesure le bras de ce jeune garçon afin de savoir s’il souffre de malnutrition. © Kate Holt/AP/SIPA

Au Soudan du Sud, un humanitaire mesure le bras de ce jeune garçon afin de savoir s’il souffre de malnutrition. © Kate Holt/AP/SIPA

Publié le 11 mars 2017 Lecture : 2 minutes.

« Le gouvernement et l’armée ont grandement contribué à la situation humanitaire actuelle et, maintenant, ils veulent tirer profit de la crise qu’ils ont créée », a déclaré à l’AFP Elizabeth Deng, d’Amnesty International.

« Une grande partie du travail humanitaire sur le terrain est réalisée par des locaux, mais il y a aussi des centaines de travailleurs humanitaires étrangers, et cette mesure pourrait affecter leur indispensable travail », a-t-elle ajouté.

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De 1000 à 10 000 dollars

En vertu d’une directive émise le 2 mars par le ministère du Travail, le prix du visa de travail pour les étrangers, précédemment de 100 à 300 dollars par an selon le niveau de compétences du demandeur, coûte désormais de 1 000 à 10 000 dollars.

La mesure semble être une tentative pour cet État à l’économie exsangue de générer des revenus autres que ceux issus du pétrole – 98% des recettes de l’État lors de l’indépendance en 2011 -.

Mais moins de deux semaines après que la famine a été déclarée, le 20 février, dans des zones du nord du pays, l’annonce passe très mal auprès des humanitaires, par ailleurs victimes de harcèlements réguliers, notamment par l’armée.

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« Si cette mesure est effective, il sera impossible pour les acteurs humanitaires de payer ce genre de somme », a assuré à l’AFP Julien Schopp, directeur du département en charge des questions humanitaires à InterAction, une organisation regroupant 180 ONG travaillant à travers le monde.

Il précise que les humanitaires cherchent à obtenir des clarifications auprès du gouvernement, notamment si la mesure va vraiment s’appliquer, et selon quelles modalités.

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Une « campagne de restriction de l’accès à certaines zones »

Jeudi, le ministre de l’Information Michael Makuei avait affirmé que la mesure est d’ores et déjà d’application et concerne entre autres les travailleurs humanitaires. D’autres détails restent flous, notamment si les travailleurs étrangers déjà détenteurs d’un visa doivent s’acquitter du nouveau tarif et dans quels délais.

« Par contre, ce qui est sûr, c’est qu’il y a une campagne de restriction de l’accès à certaines zones qui vise les humanitaires. Cette mesure, si elle est prise, serait l’aboutissement de cette campagne », a pesté Julien Schopp, en référence aux harcèlements des humanitaires et aux pillages de ressources humanitaires.

Le Soudan du Sud a plongé en décembre 2013 dans une guerre civile qui a fait des dizaines de milliers de morts et plus de 3 millions de déplacés. Selon l’ONU, 6,2 millions de Somaliens – la moitié de la population – ont besoin d’une aide humanitaire. Quelque 100 000 d’entre eux souffrent de famine.

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