Mozambique : Afonso Dhlakama, le trouble-fête

Afonso Dhlakama, c’est un pilier de la politique mozambicaine. Candidat pour la cinquième fois à la présidentielle, en octobre, il en a contesté les résultats. Pour obtenir plus de concessions du Frelimo, au pouvoir.

Afonso Dhlakama a fait une meilleure campagne que prévu. © Adrien Barbier

Afonso Dhlakama a fait une meilleure campagne que prévu. © Adrien Barbier

Publié le 12 novembre 2014 Lecture : 2 minutes.

Tout en charme, Afonso Dhlakama est arrivé en se dandinant, devant la foule de journalistes qui se pressait, le 18 octobre à Maputo, pour assister à ses premières déclarations depuis la tenue de la présidentielle, trois jours plus tôt. Le chef de l’opposition s’est voulu rassurant et démocrate : "La violence n’est pas nécessaire, a-t-il affirmé. Je tiens à promettre qu’il n’y aura plus jamais de conflit." Une manière de désamorcer l’inquiétude grandissante concernant ses intentions futures et la fragilité du cessez-le-feu, signé par le gouvernement et la Résistance nationale mozambicaine (Renamo) le 5 septembre dernier.

Le parti de Dhlakama est en effet passé à l’offensive sur le plan médiatique, depuis que les premiers résultats ont annoncé une énième reconduction, dès le premier tour, du Front de libération du Mozambique (Frelimo, au pouvoir depuis l’indépendance, en 1975). Moins de vingt-quatre heures après la fin du vote, la Renamo déclarait ne pas reconnaître les résultats du scrutin, qualifiant les élections de "fantoches" et revendiquant la victoire. Jusque-là, le scénario est identique à celui des précédentes élections : depuis 1990 et la démocratisation du pays, Dhlakama, quintuple candidat à la présidence, a systématiquement contesté les victoires écrasantes, mais souvent entachées de fraudes, du Frelimo.

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Le parti est sorti meurtri des élections de 2009

Pilier de la vie politique mozambicaine, à la tête de la Renamo depuis 1979, Dhlakama, 61 ans, semblait pourtant en très nette perte de puissance ces dernières années. Autrefois soutenue et financée par les régimes d’apartheid de Rhodésie et d’Afrique du Sud, la Renamo n’a, depuis la fin de la guerre civile en 1992, jamais achevé sa normalisation politique. Moribond et désorganisé, le parti est sorti meurtri des élections de 2009, perdant 39 députés à l’Assemblée. La progression du Mouvement démocratique du Mozambique (MDM), une scission menée par l’actuel maire de Beira, Daviz Simango, remettait même ouvertement en cause son titre de principal parti d’opposition.

C’était compter sans le succès inattendu rencontré par l’ancien chef de guerre au cours de la campagne électorale, attirant à chaque étape des foules immenses, désorganisées mais spontanées. Grand perdant du jeu démocratique, Dhlakama s’était résolu dès 2012 à faire fi des accords de Rome conclus vingt ans plus tôt, instillant dans le centre du pays une instabilité de faible intensité. Parvenant à paralyser l’intérieur du pays avec une poignée d’hommes et à effrayer les investisseurs, le politicien a pu prouver qu’il était le seul capable d’extorquer au Frelimo des concessions politiques de taille.

>> Lire aussi : la Renamo rejette les résultats partiels des élections présidentielle et législatives

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Dhlakama semble donc bien parti pour poursuivre son double jeu actuel : cultiver son image de démocrate pour obtenir l’appui de la communauté internationale tout en maintenant la pression sur le Frelimo. Celui-ci risque de devoir céder du terrain, sans pour autant consentir au gouvernement d’union que le leader de la Renamo appelle de ses voeux. Le Frelimo, qui fêtera l’année prochaine ses quarante ans au pouvoir, retrouve donc son meilleur ennemi en pleine forme !

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