Avec « Fièvres », Hicham Ayouch fait bouger le cinéma

Après son frère, Nabil, c’est au tour de Hicham Ayouch de s’imposer dans le septième art. Avec « Fièvres », un film original et plein de vitalité.

Hicham Ayouch, à Paris en mars 2011. © Vincent Fournier/Pour J.A.

Hicham Ayouch, à Paris en mars 2011. © Vincent Fournier/Pour J.A.

Renaud de Rochebrune

Publié le 3 novembre 2014 Lecture : 2 minutes.

Son nom est déjà célèbre grâce à son frère aîné, Nabil Ayouch, le plus connu des cinéastes marocains. Mais Hicham Ayouch, 38 ans, est en passe de s’imposer à son tour comme une figure du septième art.

Remarqué en 2011 avec Fissures, son premier long-métrage, il confirme tous les espoirs placés en lui avec Fièvres, un film peu banal et plein d’énergie, qui est sorti en France le 29 octobre. Moins improvisé que Fissures – l’histoire d’un ménage à trois tournée à Tanger en quelques jours -, ce film, plus classique sur le plan esthétique, démontre que l’on peut déjà parler d’un style Hicham Ayouch.

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Dans Fièvres, Benjamin, 13 ans, qui vit en banlieue parisienne, privé de sa mère, prostituée et emprisonnée, demande à aller habiter chez son père, qu’il n’a jamais vu, afin d’éviter de se retrouver en foyer d’accueil. Fumant déjà cigarette sur cigarette, agité, grossier et provocateur – il ira jusqu’à faire mine de brûler un Coran -, il bouleversera la vie de Karim, son père, et de ses grands-parents, chez qui son immature géniteur vit encore. Cette intrigue minimaliste n’est pas pour autant moins "agitée" que son héros. Elle se déroule sans temps mort et évite presque tous les clichés du film de banlieue.

Hicham Ayouch, qui dit "se reconnaître dans la part d’enfance de tous [ses] personnages", a voulu évoquer une situation "qui pourrait exister n’importe où". Il a ainsi tenu à ce que les grands-parents de Benjamin parlent le français sans accent et à introduire dans le récit d’improbables protagonistes, comme ce clochard poète qui devient l’unique ami du préadolescent.

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idoles

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Peut-être Hicham Ayouch doit-il son originalité à un parcours atypique. Ancien journaliste de télévision puis documentariste, se décrivant comme "musulman, juif, français, marocain, de partout et nulle part", il n’a jamais appris le cinéma.

Le meilleur moyen de réaliser une fiction ? "C’est simple. On prend une caméra, on tourne et on voit ce qui se passe." Alors que l’on compare parfois son style à celui d’un Cassavetes ou d’un Kechiche, quels cinéastes a-t-il pris pour modèle ? "Personne. J’aime beaucoup le cinéma, mais je ne suis pas du tout cinéphile. Mes idoles sont plutôt Modigliani, Händel, Faulkner, des peintres, des musiciens, des écrivains." On ne sait s’il faut le croire sur parole, mais le résultat est là, avec un film très attachant.

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