La France s’endort quand l’Afrique s’éveille
Le 17ème sommet Afrique-France s’est tenu les 13 et 14 janvier. Qu’en restera-t-il à l’exception du cadre symbolique de Bamako ?
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Erwan Davoux
Erwan Davoux est le candidat de Les Républicains aux élections législatives pour la 9e circonscription des Français de l’étranger (Maghreb et Afrique de l’Ouest).
Publié le 13 mars 2017 Lecture : 3 minutes.
Ce sommet a permis de célébrer, à juste titre, le succès de nos armées au Mali et en République centrafricaine. Malheureusement, la politique de François Hollande vis-vis de l’Afrique se sera étroitement cantonnée à la seule sphère sécuritaire sans vision politique concomitante.
La crise, le malheur de nos amis africains pour exister ! Durant ce quinquennat, nous aurons assisté à un recul marqué de la France sur le continent africain… François Hollande l’a d’ailleurs dit lui-même à Bamako : « Quand la France est en Afrique, elle ne cherche pas à exercer une influence… ». Au moment même où le continent est appelé à devenir l’épicentre des principaux enjeux internationaux de demain.
Futur centre de gravité de l’économie mondiale
Poumon démographique de la planète, futur centre de gravité de l’économie mondiale, la moitié des pays aux plus fortes croissances au monde sont aujourd’hui africains, engagés sur la voie de la diversification. Et l’Afrique subsaharienne francophone tire son épingle du jeu avec près de 6,5% de hausse du PIB en 2016 selon le FMI ! Enfin, alors que 50% des locuteurs francophones vivent actuellement en Afrique, ils devraient être 85% d’ici 2060.
Le continent africain devrait être en parallèle le foyer des futures problématiques environnementales, sécuritaires ainsi que de santé et de migration. Nos concurrents l’ont bien compris. La France, quant à elle, semble regarder ailleurs. Notre réseau diplomatique a vu ses effectifs sur le continent rabotés de 15% ces dernières années tandis que sur le front économique, notre part de marché y a fondu de moitié en quinze ans pour s’établir aujourd’hui à moins de 6%. Il en va de même pour notre influence culturelle, réduite à peau de chagrin à mesure que les crédits alloués à nos Instituts français s’amenuisent.
Autrement dit, la France s’endort lorsque l’Afrique s’éveille. Si Paris n’a certes plus vocation à être le gendarme qu’il fut durant la seconde moitié du XXème siècle, la France doit demeurer un partenaire spécial aux côtés du continent dans le calme comme dans la tempête. Par crainte d’être accusés de ressusciter la Françafrique, rien ne se fait plus sans se faire accompagner par nos partenaires européens. Or la France est la France, elle n’a ni honte, ni peur de ce qu’elle est. Elle doit retrouver son verbe. S’adresser avec confiance à des amis. Il y a grand besoin de rebilatéraliser nos relations.
Rompre avec le paternalisme
Une nouvelle politique africaine de la France pourrait s’ancrer sur l’idée d’une proximité renforcée mais d’un complet renouvellement de l’approche pour rompre définitivement avec un paternalisme archaïque :
- Nous devons mieux prendre en considération les binationaux qui ont vocation à un jouer un rôle de passerelle entre leurs deux pays et faire vivre la relation bilatérale au quotidien. Cela pourrait passer, notamment, par l’intégration plus systématique dans les instances de gouvernance de la coopération française (conseils d’administration de l’AFD, d’Expertise-France, des organismes de recherche), à titre de personnalités qualifiées.
- Dans le domaine économique nous devons privilégier le secteur privé en favorisant les investissements locaux et les partenariats (joint-ventures, parrainages) d’entreprises françaises et africaines. L’accent doit être mis sur l’incubation, l’accompagnement et le développement des petites et moyennes entreprises, avec de possibles formules de mentorat à la fois en France et dans les pays africains.
- Nous devons intensifier les échanges avec les sociétés civiles des États partenaires : la France pourrait promouvoir la mise en place d’une facilité mixte d’appui aux projets non étatiques, réservée aux actions conjointement instruites et présentées par une structure française et une structure africaine.
- Il est urgent que la France engage une réflexion active sur l’amélioration de son image dans les jeunesses africaines, en mettant en place des instances spécifiques de concertation et en facilitant les procédures de mobilités pour les étudiants dans l’enseignement supérieur français. La mise en place d’un visa francophone de longue durée pourrait être explorée.
- Pour ce qui concerne le développement humain et l’éducation, il pourrait être demandé à l’AFD d’apporter une priorité à la consolidation et la mise à niveau du système universitaire et de filières francophones professionnelles (tourisme, services). Le démarrage d’une réflexion sur le possible rayonnement des établissements scolaires français comme centres de formation d’excellence apparaît enfin indispensable.
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