Total : Christophe de Margerie, l’hommage et la relève

Après la mort de Christophe de Margerie, dont les obsèques ont eu lieu le 27 octobre à Paris, c’est Patrick Pouyanné qui prend les rênes de la major pétrolière française. Saura-t-il entretenir les liens tissés par son prédécesseur avec les chefs d’État africains ?

Thierry Desmarest (à g., de profil) et Patrick Pouyanné (à dr.) le 21 octobre 2014 à Paris. © Meigneux/SIPA

Thierry Desmarest (à g., de profil) et Patrick Pouyanné (à dr.) le 21 octobre 2014 à Paris. © Meigneux/SIPA

ProfilAuteur_MichaelPauron

Publié le 31 octobre 2014 Lecture : 2 minutes.

Patrick Pouyanné, 51 ans, est depuis le 22 octobre le nouveau directeur général de Total, sixième compagnie pétrolière mondiale. Il succède à l‘ex-PDG Christophe de Margerie, disparu tragiquement dans un accident d’avion à Moscou, le 20 octobre.

Cette nomination n’est pas une surprise. Pouyanné, directeur général de la branche raffinage-chimie et membre du comité exécutif de Total, était déjà présenté comme le futur patron du groupe français, dans lequel il évolue depuis bientôt vingt ans. Après un passage par des cabinets ministériels, cet ingénieur des Mines et polytechnicien avait en effet rejoint en 1997 la compagnie Elf Aquitaine, absorbée par Total trois ans plus tard.

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Patrick Pouyanné sera d’abord chapeauté par Thierry Desmarest, dirigeant du groupe de 1995 à 2010, rappelé en urgence à la présidence du conseil d’administration. C’est une tradition dans l’entreprise : Desmarest avait déjà accompagné Margerie entre 2007 et 2010 avant de lui laisser la présidence. Cette fois, la "formation" du nouveau directeur général durera un an. Desmarest devra l’initier aux codes d’un monde dans lequel il rencontrera les hommes d’État de toute la planète, notamment d’Afrique.

Avec 713 000 barils par jour et 10 000 employés, le continent représente en effet 31 % de la production d’or noir et 10 % des effectifs de la multinationale. Total est le deuxième producteur de pétrole en Afrique, derrière l’italien Eni, et le premier distributeur de carburant, avec une présence dans 43 pays.

> > Lire aussi: Margerie l’africain (portrait)

Christophe de Margerie affirmait l’importance de Total en Afrique

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En Afrique, Christophe de Margerie s’était particulièrement affirmé. Il était amoureux du continent depuis son enfance, qu’il avait en partie passée au Maroc et en Algérie. Six ans après son arrivée au sein de Total, en 1974, il partait en Angola, pays devenu sous sa coupe le premier partenaire africain du groupe. "Nous sommes plus gros en Afrique qu’en France !" confiait-il à Jeune Afrique en 2010, sur le balcon de sa chambre d’hôtel niçoise, en aparté d’un sommet Afrique-France.

Goodluck Jonathan, Denis Sassou Nguesso, Yoweri Museveni, José Eduardo dos Santos… Certains chefs d’État étaient presque devenus des amis, avec lesquels il aimait plaisanter. Avec le président congolais, ils ne rataient jamais une occasion de se voir, à Paris, à Brazzaville ou à Oyo, où il leur est arrivé maintes fois de sabrer le champagne.

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Le profil de Patrick Pouyanné le rapproche davantage du "coach" Desmarest, qui sort des mêmes écoles. Ce dernier ne goûte ni l’accolade ni la tape dans le dos chères à celui qu’on surnommait "Big Moustache", homme d’une simplicité désarmante et sous l’impulsion duquel Total s’était lancé dans de nouvelles provinces pétrolières : Côte d’Ivoire, Ouganda, Kenya, Mauritanie, Afrique du Sud, Mozambique, Ghana…

En son temps, Desmarest avait quant à lui mené – avec succès – de nombreuses acquisitions (Fina, Elf…), mais quelque peu délaissé le terrain et les activités d’exploration et de production. Pouyanné sera-t-il donc davantage un financier qu’un aventurier ? Pas sûr. Cette année, le lancement réussi de la raffinerie géante de Jubail, en Arabie saoudite, a révélé chez lui de vrais talents de diplomate.

Une chose est sûre : son prédécesseur ne lui laisse pas de dossiers particulièrement délicats, mis à part des relations quelque peu tendues avec le président gabonais, Ali Bongo Ondimba. Il lui reviendra de faire aboutir les négociations autour du redressement fiscal que subit Total Gabon depuis le début de l’année, Libreville réclamant quelque 636 millions d’euros.

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