Photographie : rap et résistance en Palestine

Le photographe Pierre Mérimée et le journaliste Jacques Denis sont partis à la rencontre des artistes hip-hop palestiniens. Plus qu’un moyen d’expression, leur musique est un cri de révolte.

Intifada rap, de Pierre Mérimée et Jacques Denis, LO/A édition, 250 pages, 39 euros © D.R.

Intifada rap, de Pierre Mérimée et Jacques Denis, LO/A édition, 250 pages, 39 euros © D.R.

Publié le 6 novembre 2014 Lecture : 2 minutes.

En 2003, dans un discours prononcé à Ramallah, le poète palestinien Mahmoud Darwich lance à son auditoire : "Nous souffrons d’un mal incurable, l’espoir. Espoir de libération et d’indépendance. Espoir d’une vie normale où nous ne serons ni héros ni victimes."

Un espoir régulièrement ébranlé par les péripéties sans fin du conflit israélo-palestinien. Mais dès la fin des années 1990, avec l’apparition d’internet, une fenêtre sur le monde s’ouvre pour toute une génération de jeunes Palestiniens. Ils découvrent notamment la culture hip-hop américaine, qui s’est développée sur le terreau de l’exclusion, voire de la ségrégation sociale. Il faudra peu de temps pour qu’ils s’emparent de ses codes et que l’on voie émerger une scène rap en Israël et en Palestine.

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En 2006, Pierre Mérimée, photographe, et Jacques Denis, journaliste, ont entrepris de raconter l’histoire de cette naissance, aujourd’hui publiée dans un recueil de photographies, Intifada rap. Ce projet est né de leur rencontre à Londres avec les membres de DAM (Da Arabian MC’s), l’un des groupes palestiniens d’Israël les plus célèbres, qui s’apprête alors à sortir son premier album.

DAM, "Who’s the terrorist ?!"

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"Écoutez-nous et ne perdez rien de notre message. Notre album est la nouvelle intifada, nos paroles sont les pierres !" clament les trois jeunes hommes. Basés à Lod, "ville dépotoir en lisière de l’aéroport Ben-Gourion", ils invitent les deux Français à se rendre sur place pour prendre le pouls de cette jeunesse qui a trouvé un nouveau moyen de crier au monde sa colère face à l’oppression.

Les deux auteurs photographient Mahmoud Jreri, DJ de DAM, mais aussi Amal Markus, chanteuse et ex-animatrice de télévision, ou Saïd Mourad, du groupe historique Sabreen, "voix de la première intifada", Arapyot (qui signifie "les femmes qui chantent dans le rap").

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Dans Intifada rap, pas de photographies à sensation. On découvre le quotidien des Palestiniens qui se dégrade, effaçant peu à peu un passé qui fut plus heureux. Bien des années après l’écrivain palestinien Elias Sanbar, Suhell, du groupe DAM, rappelle que dans cette histoire, celle d’une colonisation, ils sont "les Native Indians, pas les Afro-Américains !".

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Jean-Sébastien Josset

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