Mohamed Dayri : « La priorité doit être donnée à l’édification d’un État fort en Libye »

Le ministre des Affaires étrangères libyen, Mohamed Dayri, prône le dialogue avec les islamistes et les kadhafistes. Interview.

Mohamed Dayri, en 2014. © Vincent Fournier/J.A.

Mohamed Dayri, en 2014. © Vincent Fournier/J.A.

Publié le 29 octobre 2014 Lecture : 2 minutes.

Né à Tripoli en 1952, Mohamed Dairy a été nommé le 28 septembre ministre des Affaires étrangères et de la Coopération. Fonctionnaire international, il a passé vingt-deux ans au Haut-Commissariat de l’ONU aux réfugiés (HCR), à Genève, en Égypte, au Soudan, en RD Congo, en Syrie et au Pakistan. Au sein du gouvernement de technocrates installé par le Parlement de Tobrouk, il prône un dialogue "sans exclusive". Avec les islamistes, les kadhafistes et tous les hommes "de bonne volonté".

Jeune Afrique : Quelle est votre priorité en tant que chef de la diplomatie ?

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Mohamed Dayri : D’abord, consolider le processus démocratique issu des élections du 25 juin dernier. Le 28 septembre, notre gouvernement a reçu la confiance de la Chambre des représentants, notre Parlement installé provisoirement à Tobrouk. Mais l’ancien Parlement défie notre pouvoir et conteste notre légitimité : notre pays est coupé en deux. Ensuite, soutenir les efforts du représentant spécial de l’ONU, l’ambassadeur Bernardino Leon, qui a lancé le 29 septembre un dialogue national à Ghadamès.

Qui sont vos adversaires ? Les islamistes ou les kadhafistes ?

Nous aspirons à un pays unifié, réunissant toutes les forces et tous les hommes de bonne volonté, sans exclusive. Les islamistes ont leur place dans la nouvelle Libye, mais sur la base d’un engagement réel à construire un État de droit, ce qui suppose notamment le respect de l’autorité de l’armée et de la police nationales. Ces principes ne sont pas négociables, car la gabegie qui prévaut depuis 2011 doit s’arrêter.

Aujourd’hui, les islamistes se sont-ils mis hors jeu ?

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Je constate que la construction d’un État fort s’est heurtée à un travail de sape. Mais nous sommes prêts à trouver un accord avec tous, y compris avec nos frères de Misrata. Nous devons nous tourner vers l’avenir, pas vers le passé. Notre islam est celui d’Al-Azhar, de la Zitouna et de la Qaraouiyine.

Que répondez-vous aux kadhafistes qui proposent leur concours contre les islamistes ?

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Lesquels ? Nous n’avons reçu aucune offre en ce sens. Pour l’instant, la seule offre des kadhafistes, même parmi les plus "avisés" d’entre eux, a été faite aux islamistes. Pas à nous.

Seriez-vous prêt à inclure dans le dialogue des kadhafistes ?

C’est une question épineuse, sur laquelle certaines parties espèrent nous piéger. Je m’en tiendrai à l’aspect administratif. Il est évident que la "loi sur l’intégrité" a exclu de simples fonctionnaires. Cela est excessif, nous rappelle le funeste modèle de la "débaasisation" en Irak et a affaibli l’État. Nos voisins, Tunisie et Égypte, n’ont pas gommé d’un trait ni l’armée, ni la police, ni la diplomatie. L’État a pu continuer de fonctionner. Tous les Libyens qui n’ont pas de sang sur les mains et qui n’ont pas volé sont les bienvenus chez eux. Arrêtons la surenchère.

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