« Angolagate », l’affaire qui empoisonne la vie politique centrafricaine
L’affaire des 10 millions de dollars donnés par Luanda continue d’affecter la sphère publique à Bangui. Cette fois, c’est le Parlement centrafricain de transition qui s’en mêle.
Mercredi 15 et jeudi 16 octobre, l’enceinte de l’Assemblée nationale, où le gouvernement centrafricain était appelé à justifier l’utilisation pour le moins opaque du don de 10 millions de dollars (7,8 millions d’euros) octroyé par l’Angola (une affaire révélée par Jeune Afrique), avait des faux airs d’arène chauffée à blanc.
Pendant près de cinq heures, Mahamat Kamoun, le Premier ministre, a été soumis à un feu roulant de questions. Dans son discours d’introduction, Alexandre-Ferdinand N’Guendet, le président du Conseil national de transition (CNT), lui a demandé de s’expliquer sur onze points précis. Une cinquantaine de parlementaires se sont ensuite exprimés avec plus ou moins de véhémence.
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Prenant enfin la parole, le Premier ministre a concédé que "compte tenu de l’urgence, le gouvernement [avait] effectué des dépenses sans ordonnancement préalable", mais qu’elles "ont par la suite été régularisées sur le plan comptable" et que des justificatifs avaient été remis au Fonds monétaire international et à la Banque mondiale – précisant que le gouvernement était en mesure de fournir ces documents.
Sans surprise, le président du CNT a jugé que "les principales questions portant sur la gestion du don angolais n’ont véritablement pas trouvé de réponses", et annoncé la création d’une commission d’enquête parlementaire.
Règlement de comptes
Pas sûr que ce spectacle ait satisfait les Centrafricains et la communauté internationale. Car, comme beaucoup le craignaient, ce qu’Alexandre-Ferdinand N’Guendet présentait comme un "exercice salutaire de démocratie" s’est rapidement transformé en règlement de comptes entre ses partisans et ceux de Catherine Samba-Panza, qui l’accusent de profiter de cette affaire pour déstabiliser une présidente dont il se rêve en successeur.
Lors de leurs interventions, des conseillers favorables à Catherine Samba-Panza ont ainsi suggéré au président du CNT de s’expliquer à son tour sur l’utilisation d’un don du Soudan et d’un autre, de 400 millions de F CFA, du Congolais Denis Sassou Nguesso destiné à la rénovation des bâtiments de l’Assemblée.
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Pendant que la fine fleur du microcosme politique banguissois s’écharpait, les combats entre les anti-balaka et les forces internationales faisaient rage à quelques centaines de mètres seulement de l’Assemblée nationale… Décidément, la Centrafrique ne semble pas prête pour organiser des élections en 2015.
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Par Vincent DUHEM
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