Attentat en Égypte : l’armée réplique, Sissi accuse l' »étranger »

Le président égyptien a accusé samedi « des soutiens de l’étranger » d’être derrière l’attentat qui a tué 30 soldats dans le Sinaï, où l’état d’urgence a été décrété dans certains secteurs et où l’armée a mené des frappes aériennes contre des jihadistes.

Conseil de défense présidé par Abdel Fattah al-Sissi le 24 octobre 2014 à Sheikh Zuweid. © AFP

Conseil de défense présidé par Abdel Fattah al-Sissi le 24 octobre 2014 à Sheikh Zuweid. © AFP

Publié le 26 octobre 2014 Lecture : 3 minutes.

Trente soldats ont été tués et 29 blessés vendredi quand un kamikaze a lancé sa voiture bourrée d’explosifs sur un barrage militaire près d’Al-Arich, chef lieu de la province du Nord-Sinaï, signant ainsi l’attaque la plus meurtrière contre les forces de l’ordre depuis plus d’un an.

L’Egypte est le théâtre d’attentats quasi-quotidiens visant les forces de sécurité depuis que l’armée a destitué le président islamiste Mohamed Morsi en juillet 2013. Ces attaques sont le plus souvent revendiquées par des groupes jihadistes disant agir en représailles à la sanglante répression qui s’est abattue sur les partisans de M. Morsi depuis son éviction.

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Après l’attentat de vendredi, les autorités ont instauré un état d’urgence de trois mois sur une partie du Sinaï, de la ville de Rafah, sur la frontière avec la bande de Gaza palestinienne, à celle d’Al-Arich, et ont fermé le terminal de Rafah, seul point de passage vers Gaza non contrôlé par Israël. Cette attaque "a bénéficié de soutiens de l’étranger", a affirmé sans élaborer l’ex-chef de l’armée et actuel président Abdel Fattah al-Sissi, estimant qu’elle visait à "briser la volonté du peuple égyptien (…) et de l’armée, le pilier de l’Egypte."

Selon un communiqué de la présidence, une réunion entre M. Sissi et le haut commandement militaire a conduit à la formation "d’un comité (…) pour étudier les circonstances des récentes attaques terroristes dans le Sinaï et en tirer des leçons, afin de renforcer la lutte contre le terrorisme sous toutes ses formes".

Le gouvernement a par ailleurs annoncé un projet d’amendement législatif qui ferait entrer sous la juridiction des tribunaux militaires "les affaires de terrorisme, (…) liées à des attaques visant les installations et le personnel de l’armée et de la police, les biens publics, ainsi que les actes de vandalisme et de blocage des routes." L’armée a quant à elle mené samedi des frappes aériennes dans des zones du nord du Sinaï considérées comme des bastions jihadistes, tuant huit combattants, selon des responsables de la sécurité.

"Aucune différence"

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Un soldat affecté au barrage visé par l’attentat a été retrouvé samedi, tué par balle, à environ 6 km du point de contrôle, ont indiqué d’autres responsables de la sécurité, qui ne savent pas s’il a été kidnappé lors de l’assaut puis exécuté ou s’il s’est enfuit et a été tué dans une autre attaque. De nouveaux barrages de sécurité ont été installés dans les villes de Rafah et de Sheikh Zouweid, dans le nord du Sinaï, ont indiqué des témoins à l’AFP, s’exprimant sous couvert de l’anonymat.

Pour étouffer l’insurrection jihadiste qui sévit dans le nord du Sinaï, l’armée mène depuis plus de deux ans une vaste offensive dans cette région montagneuse et désertique. Même si les militaires annoncent régulièrement avoir tué des dizaines de "terroristes", leurs opérations n’ont pour autant pas enrayé les attaques meurtrières.

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"Les forces stationnées (dans le nord-Sinaï) n’ont ni les compétences ni la formation nécessaires pour confronter" les jihadistes, estime Ismaïl Alexandrani, expert des groupes islamistes et du Sinaï. Quant à l’état d’urgence, "ces procédures sont appliquées de manière informelle depuis un an et demi et elles n’ont fait aucune différence", note-t-il.

Ansar Beït al-Maqdess, basé dans le nord du Sinaï, a revendiqué la plupart des attentats spectaculaires de ces derniers mois. Les "Partisans de Jérusalem" (en arabe) disent s’inspirer d’Al-Qaïda et ont récemment exprimé leur "soutien" à l’organisation Etat islamique (EI).

Ce groupe assure lui aussi agir en réponse à la répression contre les pro-Morsi. Depuis la destitution du président islamiste, plus de 1.400 de ses partisans ont été tués, des centaines ont été condamnés à mort dans des procès de masse expéditifs et 15.000 autres ont été emprisonnés.

Les autorités justifient cette répression en accusant la confrérie des Frères musulmans, dont est issu Mohamed Morsi, d’être derrière les attaques, ce que le groupe dément. L’organisation, qui avait largement remporté les élections organisées après la révolution de 2011, a été déclarée "terroriste" après un attentat pourtant revendiqué par Ansar Beït al-Maqdess.

(AFP)

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