Maroc : la reprise, c’est bientôt
En 2015, le royaume devrait voir sa croissance accélérer et son déficit budgétaire et commercial se réduire. Mais cela suffira-t-il à inverser la courbe du chômage ?
Alors que le Nigeria et l’Afrique du Sud, deux autres poids lourds économiques du continent, sont en proie à des difficultés, le royaume chérifien envisage 2015 d’un bon oeil. Tous les indicateurs le montrent, cette nouvelle année sera meilleure que la précédente. À commencer par la pluie, véritable baromètre de bonne tenue d’une économie marocaine encore très dépendante du ciel.
« La pluviométrie de ces deux derniers mois a dépassé de 40 % la moyenne nationale. Si elle garde ce rythme, nous allons avoir une excellente année agricole. Ce qui tirera sensiblement la croissance du pays », soutient un haut responsable du ministère de l’Économie et des Finances. Pas étonnant quand on sait que le secteur agricole fait vivre près de la moitié de la population marocaine et participe à hauteur de 14 % à la valeur ajoutée nationale.
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Autre indicateur qui pousse à l’optimisme : la reprise des activités commerciales et industrielles. D’après les chiffres publiés en novembre par l’Observatoire international du commerce de l’assureur Euler Hermes, les exportations marocaines devraient augmenter en valeur de 3,6 % par rapport à 2014 et atteindre 240 milliards de dirhams (21,6 milliards d’euros) l’an prochain. Une progression qui sera portée par la demande indienne et chinoise, mais aussi celle d’Afrique subsaharienne.
Au total, le Maroc devrait enregistrer une croissance globale de 4,4 % l’année prochaine, selon le projet de la loi de finances. Soit deux points de plus que ces deux dernières années. C’est bien mieux, mais cela reste insuffisant pour renverser la courbe du chômage, dont le taux vient de dépasser la barre symbolique des 10 %.
« Le nombre de chômeurs dépasse 1 million, sachant que 180 000 personnes s’ajoutent chaque année à la masse des demandeurs d’emplois. Pour résorber le chômage, l’économie marocaine doit progresser d’au moins 7 % chaque année. On en est encore très loin », regrette l’économiste Redouane Mfadel.
Courageux
Cette croissance reste aussi bien en deçà des ambitions des pouvoirs publics, qui souhaitent faire entrer le Maroc dans le club des pays émergents. « On ne peut pas prétendre à ce statut avec une activité économique dépendant encore de la pluie. Et une industrie qui détruit toujours des emplois », lance le spécialiste.
L’année 2015 verra aussi le rétablissement des déficits jumeaux du pays. Celui du budget, qui culminait il n’y a même pas trois ans à 7,2 %, tombera, selon les prévisions de la loi de finances, à 4,3 % en 2015. Résultat de la suppression courageuse, mais impopulaire, des subventions publiques aux hydrocarbures en 2014.
« Le Maroc ne déboursera pas un seul dirham pour soutenir les prix des hydrocarbures en 2015 », affirme un responsable du ministère de l’Économie.
« L’État ne déboursera pas un seul dirham pour soutenir les prix des hydrocarbures en 2015. Cela coïncide avec la baisse des cours du pétrole, et c’est tant mieux », indique le même haut responsable du ministère de l’Économie et des Finances.
Cette baisse des cours du pétrole aura également un impact très positif sur le déficit de la balance commerciale, qui représentait jusque-là un très grand risque pour l’économie du pays. « Le Maroc importe 90 % de l’énergie dont il a besoin. Cette baisse des cours va certainement alléger notre facture pétrolière et, de facto, réduire sensiblement notre déficit commercial. »
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Le redressement est déjà visible cette année : le stock de devises du royaume, qui fondait comme neige au soleil depuis 2010, couvre désormais plus de cinq mois d’importations. Dans ces conditions, le Maroc pourrait bien se passer de la ligne de précaution et de liquidité de 5 milliards de dollars (4 milliards d’euros) ouverte (et renouvelée) par le Fonds monétaire international en juillet...
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