Vatican : vote très attendu à l’issue d’un synode sur la famille et l’homosexualité
Les participants au synode sur la famille, réunis depuis deux semaines au Vatican, devaient voter samedi un document final, concluant des débats mouvementés sur des sujets de société brûlants, des divorcés aux couples non mariés, y compris homosexuels.
Dans la matinée, ils ont rendu public un message aux familles insistant sur "l’amour conjugal indissoluble". Rien ou presque sur les sujets les plus sensibles, à l’origine d’une lutte sourde ces deux dernières semaines au Vatican entre évêques plus conservateurs et plus libéraux. Mais ces sujets devraient être évoqués dans un rapport final soumis au vote dans la soirée.
Les participants au synode ont approuvé largement ce premier texte bref de trois pages par 158 voix sur 174 votants. Il est de tradition que chaque synode adresse un message aux 1,2 milliard de catholiques. Dans la soirée, à la majorité des deux-tiers, la "relation synodi", document final beaucoup plus consistant, devait être votée, et, selon plusieurs cardinaux, approuvée sans problème majeur.
Ce document indiquera jusqu’à quel point le langage nouveau prônant la "miséricorde", autrement dit la bienveillance, à l’égard de l’union libre, des divorcés remariés et de l’homosexualité, qui imprégnait fortement une première synthèse des débats publiée lundi, aura été maintenu ou atténué. Le cardinal américain Raymond Leo Burke, un des chefs de file de l’opposition conservatrice au pape François, avait affirmé jeudi que le texte pourrait être rejeté si les affirmations "inacceptables sur les rapports sexuels hors mariage et entre personnes de même sexe" n’étaient pas retirées.
Alors qu’il dirige le Tribunal suprême du Saint-Siège, le cardinal Burke s’est vivement opposé au pape François. Il a indiqué au site américain "Budfeednews" qu’il allait sans doute bientôt être rétrogradé à un poste honorifique.
Critiques contre les médias
Dans le premier document de lundi, la reconnaissance d’"aspects positifs" dans les unions stables hors mariage et chez les homosexuels, a suscité une avalanche de réactions inquiètes de prélats, des Etats-Unis à l’Afrique. Tous dénonçaient le fait que ces thèmes soient mis en avant alors qu’ils avaient été peu abordés. La médiatisation du synode est aussi jugée responsable des tensions. "Ce qui a été publié par les médias sur les unions homosexuelles, est une tentative pour pousser l’Eglise à changer sa doctrine", a ainsi jugé le cardinal guinéen Robert Sarah (à la tête des oeuvres caritatives de l’Eglise).
L’archevêque de Malines-Bruxelles André Léonard a de son côté déploré "l’incident" qu’a représenté, selon lui, la décision de rendre public lundi ce texte provisoire. "On a dû alors se focaliser sur les questions qui intéressent la presse au lieu de travailler sur celles qui intéressent les familles", a-t-il dit à Radio Vatican. François avait convoqué dès 2013 ce synode dit "extraordinaire" (réunissant les présidents de conférences épiscopales) pour sonder les évêques sur les réponses à apporter aux défis de la famille, sans rompre avec l’indissolubilité du mariage.
En février, un cardinal théologien proche de François, Walter Kasper, avait prôné une approche réformiste, en faveur de l’accès, sous strictes conditions, de certains divorcés remariés à la communion.
Vote sur la ligne de François
Le document final sera approuvé, mais avec quelle marge? Ce sera aussi un sondage sur la ligne audacieuse que soutient le pape, même s’il observe le silence. Ce sera pour lui un bon indicateur qui lui permettra de voir la force des camps en présence, partisans et adversaires de ses réformes.
Ce synode agité est la première phase d’un long processus de consultations. Un deuxième synode "ordinaire", chargé d’élaborer des propositions, est prévu pour octobre 2015. Ses conclusions seront remises à François, qui aura le dernier mot. Certains cardinaux craignent que l’édifice de l’Eglise ne s’écroule tout entier en cas d’ouvertures majeures sur le divorce, l’union libre ou l’homosexualité.
Les évêques du Sud ont de leur côté critiqué le conditionnement des aides par certaines ONG, l’Union européenne ou l’ONU à l’acceptation de programmes contraires à leur conception des moeurs et de la vie comme la contraception et l’homosexualité.
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