Élections au Mozambique : le chef de la Renamo promet qu’il n’aura pas recours à la violence
Afonso Dhlakama, le chef du parti d’opposition Renamo au Mozambique, estime que les élections de mercredi n’ont pas été honnêtes, mais a promis samedi de ne pas recourir à la violence.
"Je suis ici pour vous annoncer que cette élection pour moi n’a pas été libre et honnête, nous essayons d’enquêter et de voir ce que peut être la solution", a d’abord déclaré devant la presse l’ex-guérillero, apparemment battu à la présidentielle par le candidat du Frelimo au pouvoir, mais dispose toujours de troupes armées dans le pays. Mais, a-t-il ajouté, en s’adressant notamment aux journalistes étrangers présents: "la violence n’est pas nécessaire (…) je veux promettre que cela n’arrivera plus".
Selon les derniers résultats encore partiels, le candidat du Frelimo Filipe Nyusi serait élu au premier tour de la présidentielle avec environ 60% des suffrages. M. Dhlakama arrive en deuxième position avec un score proche de 30%, soit presque le double de son score à la présidentielle de 2009. Dhlakama, qui a accusé le Frelimo d’avoir été à l’origine des violences qui ont laissé le pays exsangue depuis l’indépendance en 1975, avait pris le maquis en 2012 pour mener un conflit larvé contre les forces gouvernementales, faisant plusieurs dizaines de morts.
En septembre, il est sorti de la clandestinité pour signer un accord de paix avec le président sortant Armando Guebuza, accord qui a permis l’organisation des élections présidentielle, législatives et provinciales de mercredi. "Guebuza et Dhlakama ont signé, parce qu’il n’y avait aucune raison que des frères se tuent les uns les autres", a dit M. Dhlakama, parlant de lui-même à la troisième personne, après avoir rappelé que le Frelimo, parti alors marxiste, et la Renamo, à l’époque soutenue par l’Afrique du Sud de l’apartheid, s’étaient livré une guerre civile de 16 ans entre 1976 et 1992, après l’indépendance de cette ancienne colonie portugaise.
Jeudi, un porte-parole de la Renamo avait suscité l’inquiétude en affirmant que son parti refuserait de reconnaître le résultat du scrutin, accusant le pouvoir de fraudes. Immédiatemment, la communauté internationale avait appelé au calme et demandé à l’opposition d’utiliser la voie légale pour contester si nécessaire le résultat des élections. "S’il y a des contestations, nous encourageons tous les partis politiques à utiliser toutes les procédures légales pour résoudre le problème", avait déclaré la chef de la mission des observateurs de la Communauté d’Afrique australe (SADC), la ministre sud-africaine des Affaires étrangères Maite Nkoana-Mashabane.
Un retour aux troubles risquerait de contrarier les perspectives économiques florissantes ouvertes par les récentes découvertes d’énormes gisements gaziers off-shore au nord qui pourraient entrer en exploitation au plus tôt en 2018. Ces gisements pourraient propulser le Mozambique au quatrième rang gazier mondial. "Les investisseurs surveillent le Mozambique de près, ils veulent de la stabilité et un environnement prévisible", commentait vendredi Alex Vines, chercheur à l’institut d’études politiques Chatham House.
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