Le Togolais Kofi Yamgnane, accusé de trafic d’influence, veut « s’expliquer » devant la justice française
Le rêve présidentiel du Togolais Kofi Yamgnane est-il d’ores et déjà en péril ? Selon le quotidien français « Le Monde », l’ancien ministre risque une mise en examen pour trafic d’influence. Rentré à Paris lundi pour se défendre, il souhaite désormais être entendu rapidement par la justice.
Il se voit depuis longtemps en successeur de Faure Gnassingbé, le président togolais. Ancien secrétaire d’État à l’Intégration en France, de 1991 à 1993, Kofi Yamgnane est même d’ores et déjà en campagne afin de conquérir la magistrature suprême à Lomé en 2015. Mais son parcours pourrait subir un coup d’arrêt.
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Selon les informations du quotidien Le Monde, il est menacé d’une mise en examen en France pour "trafic d’influence", dans une enquête regroupant également les noms de l’avocat Marcel Ceccaldi, de l’escroc Christophe Rocancourt et de l’ancien chef du GIGN français Christian Prouteau. Ce qui l’a poussé à quitter Lomé pour Paris, lundi matin, afin de s’expliquer sur "la polémique", confie-t-il à Jeune Afrique.
La justice le soupçonnerait en effet d’avoir touché de l’argent en échange d’une promesse d’intervention auprès du ministère de l’Intérieur. "La scène se déroule le 29 janvier", explique Le Monde, lors d’"une soirée de levée de fonds pour la prochaine présidentielle togolaise", où Kofi Yamgnane aurait rencontré Marcel Ceccaldi, bien connu des cercles africains pour avoir défendu plusieurs chefs d’État, ainsi qu’une Marocaine de 26 ans, sans papiers, Asmaa Kartoubi.
"Oui, il a pris l’enveloppe"
"La jeune femme tend une enveloppe à l’homme politique. À l’intérieur, 3 000 euros en liquide. En échange, l’ancien ministre lui offre un exemplaire de son livre Afrique Introuvable Démocratie (Dialogues, 2013)", croit savoir le quotidien.
C’est cette remise d’enveloppe qui pourrait valoir une mise en examen à Kofi Yamgnane. En échange, il aurait accepté d’intervenir auprès du ministre de l’Intérieur français, Bernard Cazeneuve, afin de faciliter la régularisation de la jeune Marocaine.
Il m’avait demandé si je pouvais avoir des fonds pour soutenir sa campagne.
La justice se baserait en grande partie sur un rapport de la brigade de recherche et d’investigations financières (Brif) de la police judiciaire de Paris, daté du 8 octobre, qui évoque des sommes remises par Asmaa et sa sœur Kawtar Kartoubi, "respectivement 6 000 et 10 000 euros en espèces" à Marcel Ceccaldi, "dont 3 000 et 5 000 euros destinés à ce que nous comprenions être un ministre africain [Kofi Yamgnane] et un employé véreux du service des étrangers de la Préfecture de police".
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Ce rapport contiendrait également des échanges de courriers et des écoutes de conversations téléphoniques entre les différents protagonistes, notamment dans le but de s’assurer que Kofi Yamgnane possède "les informations nécessaires" pour son "rendez-vous avec M. Cazeneuve".
Asmaa Kartoubi et Marcel Ceccaldi, entendu le 7 octobre, auraient reconnu l’existence de l’enveloppe. "Oui, il a pris l’enveloppe, il devait partir au Togo. Il m’avait demandé si je pouvais avoir des fonds pour soutenir sa campagne", aurait notamment déclaré l’avocat.
"Je souhaite être entendu (…) pour que les Africains comprennent"
L’entrevue avec le ministre de l’Intérieur n’aurait pas eu lieu, selon l’entourage de Bernard Cazeneuve, et l’administration a d’ailleurs mis son veto à la régularisation de la jeune Marocaine. Le 5 mai 2014, une obligation de quitter le territoire français a été délivrée à l’encontre des deux sœurs.
"Quand nos démarches ont échoué, je leur ai restitué leur argent, 8 000 euros et non 16 000. Ma seule erreur aura été de ne pas leur demander de reçu", explique quant à lui Me Ceccaldi au Monde, démentant la version de Christophe Rocancourt, qui affirme de son côté que l’argent n’a pas été reversé.
"Je veux m’expliquer sur cette polémique", explique Kofi Yamgnane.
Contacté par Jeune Afrique, Kofi Yamgnane explique réserver ses déclarations à la justice. "Je n’en dirai pas plus pour le moment", déclare-t-il. Rentré de Lomé dans la matinée de lundi, il n’a "pas encore été contacté" par la justice mais ajoute souhaiter "s’expliquer sur la polémique" et "être entendu très rapidement". "Pour que les Africains comprennent", conclut-il.
Pour les mêmes chefs d’accusation, Marcel Ceccaldi, Christian Prouteau et Christophe Rocancourt, déjà mis en examen, encourent une peine de cinq ans de prison et une amende de 500 000 euros.
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Par Mathieu OLIVIER
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