M&A : 2014, l’année des changements
En 2014, les fusions-acquisitions dans le domaine des télécoms ont explosé tandis que les investissements intra-africains s’envolaient. Notre bilan.
Économie africaine : ce qu’il faut retenir de 2014
2014, année record dans le domaine des fusions-acquisitions… au niveau mondial. Au 11 décembre, les M&A avaient atteint selon Thomson Reuters 3 270 milliards de dollars, soit 40 % de plus que la période comparable de l’an passé et le plus haut niveau depuis les 4 210 milliards de 2007, juste avant le déclenchement de la crise financière internationale.
En Afrique, difficile de dresser un bilan définitif. Sur les neufs premiers mois de l’année, MergerMarket a en effet recensé 181 opérations de fusions-acquisitions, pour un total de 19,1 milliards de dollars. Par rapport à la même période de 2013, cela représente une hausse de 7 % en nombre d’opérations mais une baisse de 25 % en valeur.
Sur les neuf premiers mois, MergerMarket a recensé 181 opérations, pour un total de 19,1 milliards de dollars.
Reprise en fin d’année
Mois après mois, la situation s’est toutefois améliorée, après un début d’année peu prolifique. La conclusion en avril de la cession par Vimpelcom de 51% du capital de Djezzy au FNI algérien ainsi que, un mois plus tard, la finalisation du rachat de Maroc Telecom par Etisalat (et la vente conjointe des filiales francophones de ce dernier au premier) a donné un coup d’accélérateur au marché, en ajoutant à elles deux neuf milliards de dollars aux maigres 3,5 milliards de dollars enregistrés sur les trois premiers mois de l’année.
——————> Les fusions-acquisitions se multiplient en Afrique… mais leur taille se réduit
Le marché africain du M&A est ensuite resté soutenu le reste de l’année, avec, en fin d’année, quelques très grosses opérations comme le rachat de Pepkor, géant sud-african du retail (habillement) par Steinhoff pour 5,7 milliards de dollars, le rachat des actifs tchadiens de Chevron par l’Etat (1,3 milliard), la reprise des actifs sud-africains et nigérians de Lafarge par Lafarge Wapco (appelé désormais Lafarge Africa) pour 1,35 milliard ou encore la vente par Shell pour 5 milliards de dollars de plusieurs puits pétroliers au Nigeria.
Risque en 2015 ?
Mais cette dernière opération (qui concerne plusieurs acheteurs différents) pourrait ne jamais se finaliser en raison de l’effondrement des prix du pétrole, passés de plus de 100 dollars à moins de 60 dollars le baril.
Les prix d’autres minerais ayant fortement baissé en 2014, notamment ceux du fer, l’année 2015 ne devrait donc pas être aussi bonne dans le domaine du M&A africain.
Les opérations dans le domaine des ressources naturelles ont fortement reculé, tandis que celles dans les télécoms explosaient.
Nouveaux profils
À moins que de nouveaux secteurs attirent l’attention et que les investissements intra-africains prennent le relais. Dans une large mesure, ce fut déjà le cas en 2014. Sur les neufs premiers mois de l’année, rappelait MergerMarket début décembre, « les fusions-acquisitions entre pays africains ont quadruplé par rapport à l’année précédente pour atteindre 13,5 milliards de dollars, le nombre d’opérations (99) augmentant de 3% ». L’investissement de 493 millions de dollars du sud-africain Nedbank dans le groupe bancaire panafricain Ecobank, tout comme le rachat de Djezzy par le FNI ou des actifs de Chevron au Tchad.
Autre phénomène marquant en 2014 qui pourrait se confirmer en 2015 : la baisse très nette des opérations dans le domaine des ressources naturelles, notamment par rapport à une année 2013 marquée par des M&A records : la vente de 28,6 % d’ENI East Africa au chinois CNPC pour 4,2 milliard de dollars ou l’acquisition de 20% du gisement Rovuma Offshore Area 1 (au large du Mozambique) par l’indien ONGC Videsh pour un total d’environ 5 milliards.
A l’inverse, les télécoms ont connu un fort engouement en 2014, alors que nombre d’intervenants pensaient le secteur plutôt au ralenti depuis la cession en 2010 des activités africaines de Zain à Airtel. Les cessions de tours télécoms se sont elles-aussi multipliées. 2015 verra-t-il émerger de nouveaux secteurs dans le domaine des fusions-acquisitions ?
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