Diversité : les banques sud-africaines répondent aux critiques de Jacob Zuma

En Afrique du Sud, cinq banques contrôlent 90% des actifs du pays. Un monopole qui déplaît au Président, lequel pointe le peu de diversité dans le secteur.

Le président Jacob Zuma, en visite au Zimbabwe en novembre 2016. © Tsvangirayi Mukwazhi/AP/SIPA

Le président Jacob Zuma, en visite au Zimbabwe en novembre 2016. © Tsvangirayi Mukwazhi/AP/SIPA

Publié le 15 mars 2017 Lecture : 3 minutes.

Devant le Parlement, les banques sud-africaines ont répondu aux critiques de Jacob Zuma sur leur monopole et leur décision de couper leurs relations avec le clan Gupta, très lié au président sud-africain. Le secteur bancaire est en effet devenu un cheval de bataille pour Jacob Zuma, estime l’agence Bloomberg. Le chef d’État entend mener un programme de « transformation économique radicale » qui doit aider la majorité noire du pays dans une économie toujours dominée par la minorité blanche, deux décennies après la fin de l’apartheid.

« Le secteur bancaire ne fait pas barrage aux transformations », a déclaré le 14 mars Cas Coovadia, le directeur général de l’Association bancaire d’Afrique du Sud, qui s’exprimait devant une commission parlementaire au Cap, rapporte Bloomberg. « Sur l’accès aux services financiers, nous avons fait des progrès significatifs, a-t-il ajouté. Nous avons des programmes de formation accélérée des cadres subalternes et intermédiaires. Nous devons reconnaître le parcours que nous avons effectué ».

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Si les banques sud-africaines ont fait des efforts considérables pour diversifier leurs équipes, avec l’arrivée de 22 800 cadres noirs − débutants, intermédiaires et cadres supérieurs − entre 2012 et 2015, elles admettent que les progrès sont encore lents. En Afrique du Sud, cinq banques, dont les Big Four FirstRand, Standard, Barclays Africa et Nedbank, contrôlent près de 90% des actifs bancaires du pays. Or, une seule, Standard Bank, a un co-directeur général noir.

L’Affaire Gupta

Le torchon brûle entre le président sud-africain et le secteur bancaire de son pays depuis qu’a éclaté l’affaire Gupta, du nom de cette famille de riches industriels indiens établis en Afrique du Sud et qui possède des parts importantes dans plusieurs secteurs clé de l’économie du pays.

En réalité, la controverse sur la proximité de frères Gupta avec le président sud-africain dure depuis des années. Plusieurs membres du clan Zuma travaillent d’ailleurs pour eux. L’un des fils du président, Duduzane Zuma, dirige la société Sahara Computers appartenant aux Gupta. La quatrième épouse du chef de l’État, Bongi Ngema, est également employée par l’empire.

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Les trois frères, Atul, Ajay et Rajesh, sont soupçonnés de s’être servis de cette influence pour nommer des membres du cabinet gouvernemental qui leur sont favorables. Or, depuis le début de l’année 2016, plusieurs compagnies sud-africaines, dont les quatre plus grosses banques du pays, se sont désengagées de Oakbay Investments, la société d’investissement des frères Gupta.

Pressions

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Au point que le PDG de Oakbay, Nazzem Howa, a écrit à Pravin Gordhan, le ministre des Finances sud-africain en avril dernier. Dans sa lettre, il lui demande de faire pression sur les banques pour qu’elles reviennent sur leur décision. « Au vu de votre relation étroite avec les barons de l’industrie, écrit-il, j’attends avec impatience d’entendre de vos nouvelles sur l’aide que vous pourriez fournir ».

Ce monopole de quelques banques déplaît à Jacob Zuma, qui les a vivement critiquées en février dernier. « Il y a une forme biaisée de contrôle économique, avait déclaré le président sud-africain le 10 février, lors d’un événement organisé par le journal The New Age, lequel appartient à la famille Gupta. Nous frustrons délibérément notre économie en laissant quelques personnes en avoir le contrôle. Donc, nous voulons changer cela. Ayons plus de banques et partageons cet espace ».

La veille, dans son discours d’adresse à la nation, il avait déjà déclaré que l’inclusion de la majorité noire dans l’économie du pays était trop lente.

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