Liberia : le barrage de Mount Coffee améliore le quotidien des petites entreprises

Des dizaines de petits entrepreneurs libériens ont retrouvé le sourire depuis la mise en service en décembre d’une unité de la centrale hydro-électrique de Mount Coffee, près de Monrovia, détruite durant la guerre civile.

Vue de Monrovia, au Liberia, en 2007. © Sipa/AP/Jérôme Delay

Vue de Monrovia, au Liberia, en 2007. © Sipa/AP/Jérôme Delay

Publié le 15 mars 2017 Lecture : 3 minutes.

Eva Kollie, 32 ans, propriétaire d’une boulangerie dans la banlieue nord de la capitale Monrovia, fait partie des quelque 30 000 clients de la Liberia Electricity Corporation (LEC), la compagnie publique d’électricité de ce pays d’environ 4,2 millions d’habitants.

Il y a encore quatre mois, son budget était grevé par l’équivalent des 14 à 19 euros qu’elle devait débourser chaque jour pour le carburant du groupe électrogène alimentant ses appareils. Le branchement au courant « revient bien moins cher et aide mon entreprise », explique-t-elle.

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Aujourd’hui, elle parvient à faire tourner sa boulangerie plus facilement : ses coûts de production ont baissé de près de 70% et elle peut satisfaire les demandes de ses clients à temps, se réjouit-elle.

La remise en service d’une unité du barrage de Mount Coffee, sur le fleuve Saint-Paul, à Harrisburg, à environ 30 kilomètres au nord-est de Monrovia, n’y est pas pour rien.

Des groupes électrogènes depuis 2010

La centrale a été réhabilitée à partir de 2010 avec des financements américains et européens notamment, atteignant près de 336 millions d’euros. Inauguré dans la seconde moitié des années 60, cet ouvrage avait été gravement endommagé durant le conflit qui a fait 250 000 morts et ruiné l’économie du Liberia, de 1989 à 2003.

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En 2010, la LEC avait rouvert la centrale en utilisant d’énormes groupes électrogènes, sans toutefois parvenir à satisfaire la forte demande pour la capitale, concentrant l’essentiel de ses abonnés. Les coupures d’électricité y étaient quotidiennes.

Avant le lancement de l’unité de production hydroélectrique, trois générateurs fournissaient 38 MW à Monrovia. Un dispositif désormais complété par la centrale avec 22 MW dès décembre, avant d’atteindre 88 MW à la fin des travaux dans les prochaines semaines, selon les autorités et la compagnie.

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Pour l’heure, seule une des quatre turbines du barrage fonctionne. « Nous sommes en train de faire des tests pour la deuxième et nous espérons pouvoir utiliser les quatre avant la fin de l’année », affirme Ian Yhap, le président du Conseil d’administration de la LEC.

Des raccordements frauduleux au réseau

Cependant, la production ne représente qu’un des défis du secteur dans le pays, indique Ian Yhap. « L’électricité au Liberia est comme un nouveau-né, il n’y a pas eu d’amélioration des infrastructures ni de formation des agents » de longues années durant, explique-t-il. En outre, assure-t-il, « des gens volent le courant produit » en recourant à des branchements frauduleux sur le réseau. Une pratique qui absorberait environ 40% de la production nationale.

Avant le lancement du projet de Mount Coffee, il était question « de 44 000 clients connectés, mais en réalité, il n’y en avait que 15 000 », soit deux tiers de raccordements clandestins, précise encore Ian Yhap. La LEC veut changer la donne, « connecter plus de personnes et déconnecter » les fraudeurs, avec pour objectif de réduire les coûts pour les usagers et l’intermittence de l’approvisionnement, deux des principales préoccupations des abonnés.

La compagnie espère atteindre « au moins 100 000 abonnés » avant la fin de l’année. La campagne de connexion au réseau se poursuit à Monrovia, où certains résidents demeuraient encore sceptiques, ayant attendu pendant des années une fourniture régulière de courant promise.

Des conséquences sur les prix des produits de base

Cleo Benedict, une propriétaire de bar, a ainsi été grandement surprise lorsqu’elle a appris que le raccordement concernait son quartier. En février, « je faisais une sieste, un après-midi, quand un de mes employés m’a réveillée en sursaut pour m’annoncer que la LEC reliait le site au réseau national », raconte-t-elle.

« Je ne suis pas passée par la procédure normale, où on doit aller à leur siège, faire sa demande dans un processus casse-tête. On m’a seulement demandé d’aller payer 53 dollars [50 euros] pour être raccordée », poursuit-elle.Elle a pu baisser ses prix et développer sa clientèle.

Avant, « je vendais une bouteille de bière à 140 dollars libériens » (1,30 euro) et depuis qu’il y a du courant, « je la vends à 100 dollars ». Et d’ajouter en souriant : « Je fais plus de bénéfices ». Sans toutefois préciser ses marges.

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