Biens mal acquis : le neveu de Denis Sassou-Nguesso mis en examen en France
Le neveu de Denis Sassou Nguesso, Wilfrid Nguesso, 50 ans, a été mis en examen en France le 9 mars dernier pour « blanchiment de détournement de fonds publics » dans le cadre de l’affaire dite des « biens mal acquis ».
L’information nous a été confirmée par téléphone par Me William Bourdon, président de l’ONG Sherpa et avocat de l’association Transparency International, à l’origine de la plainte qui a déclenché l’affaire.
« Cette mise en examen sera suivie d’autres », estime l’avocat, sans donner de noms. Selon lui, Wilfrid Nguesso « occupe une place centrale dans l’affaire des biens mal acquis ». « Tout ce clan a externalisé ses avoirs à l’étranger, ce qui a pu retarder la procédure mais les charges sont lourdes et les éléments convaincants », conclut-il.
Sollicité, l’avocat de Wilfrid Nguesso, Me Jean Veil, n’a pas souhaité s’exprimer sur cette affaire pour le moment.
Saisine de biens immobiliers
Denis Sassou Nguesso et sa famille, tout comme celle de l’ancien président du Gabon Omar Bongo et du président de Guinée équatoriale, Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, sont visés depuis 2009 par une enquête sur leur patrimoine français, déclenchée par une plainte de Transparency International. Celle-ci accuse le président du Congo-Brazzaville « d’avoir détourné, à son profit et au profit de sa famille et de son clan, une partie substantielle de la rente pétrolière » nationale.
En août dernier, les juges français avaient notamment ordonné la saisine de deux biens immobiliers à Courbevoie, dans les Hauts-de-Seine, et de la villa Suzette, une demeure de près de 500 mètres carrés au Vésinet, dans les Yvelines. Les enquêteurs, qui s’appuient notamment sur des signalements de la cellule antiblanchiment Tracfin, pensent que « leur véritable propriétaire », dissimulé derrière des sociétés-écrans, n’est autre que Wilfrid Nguesso.
La villa Suzette, qui avait été achetée en 1983 pour 450 000 euros par Valentin Ambendet, frère du président congolais, décédé en 2004, avait attiré l’attention par des travaux réalisés entre 2002 et 2005, et dont la valeur s’élèverait à 3 à 4 millions d’euros. Selon une source proche du dossier qui s’est confiée à l’AFP, de fortes présomptions laissent penser que Denis Sasssou Nguesso et son épouse ont longtemps bénéficié de la jouissance de ce bien.
« Organisation criminelle » au Canada
Wilfrid Nguesso a également attiré l’attention des autorités du Canada, chargées d’examiner son dossier alors qu’il espérait devenir résident permanent dans ce pays. Celles-ci, qui considéraient que son train de vie ne correspondait pas à son activité professionnelle réelle, le soupçonnaient notamment d’être le véritable propriétaire, via des sociétés-écrans, de la Socotram, détenue à 45% par l’État congolais et à 55% par des intérêts privés et qui perçoit notamment des droits de trafic maritime sur les chargements de pétrole qui quittent le Congo-Brazzaville.
Selon les informations des fonctionnaires canadiens relayées par la presse du pays, Wilfrid Nguesso aurait bénéficié ainsi, en tant que PDG, d’un salaire annuel de 3 millions de dollars, de plusieurs logements de fonction, dont une maison au Canada et un appartement à Paris, d’une prise en charge des frais d’éducation de ses enfants ou encore de véhicules de luxe.
Considérant Wilfrid Nguesso comme membre d’une « organisation criminelle », les autorités du Canada ont alors prononcé en décembre 2013 une interdiction de territoire à son encontre. L’intéressé, qui a contesté la décision devant la justice, a toutefois obtenu gain de cause : le juge chargé de l’appel a estimé que les enquêteurs n’avaient notamment pas identifié précisément ladite « organisation criminelle » en question. Le dossier, retourné entre les mains des autorités canadiennes, est donc toujours en cours, les enquêteurs ayant été priés de revoir leur copie.
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