Procès de Simone Gbagbo : les avocats commis d’office menacent de suspendre leur participation

Après une audience houleuse, la Cour d’assises jugeant Simone Gbagbo pour crime contre l’Humanité à Abidjan a rejeté mercredi 15 mars la requête de la défense lui enjoignant de se dessaisir ou de reprendre totalement les débats. Les avocats commis d’office envisagent désormais de suspendre leur participation au procès.

Simone Gbagbo en 2011. © Rebecca Blackwell/AP/SIPA

Simone Gbagbo en 2011. © Rebecca Blackwell/AP/SIPA

Publié le 16 mars 2017 Lecture : 2 minutes.

« La cour rejette la requête de la défense », a déclaré le juge Boiqui Kouadjo, président de la Cour d’assises d’Abidjan jugeant Simone Gbagbo, alors que l’intégralité des membres de la défense de l’ancienne première dame quittaient la salle d’audience.

« Nous envisageons de suspendre notre participation au procès. Nous ne pouvons pas plaider devant une Cour qui n’est pas régulièrement constituée », a déclaré peu après l’audience Maître Georges Vieira Patrick, commis d’office en décembre dernier à la défense de l’ancienne première dame aux côtés de deux autres avocats : Claude Mentenon (ancien bâtonnier) et Amani Kouamé.

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Quelques instants plus tôt, la défense avait plaidé pour que la Cour se déssaisisse du dossier ou que les débats reprennent depuis le début. Une demande que les avocats ont justifié par la présence d’une magistrate n’ayant pas assisté à toutes les audiences du procès, ouvert en mai 2016. « Nous ne revenons pas sur le sujet pour bloquer ce procès et traîner en longueur », s’est justifié la défense par la voix de Me Amani Kouamé, après plusieurs passes d’armes.

Un procès quasiment à l’arrêt

Car alors que le fonds du dossier a de nouveau été éclipsé par des questions de procédure, la journée d’audience a également été marquée par de nouvelles joutes verbales. La veille, le procureur général Aly Yéo avait accusé les avocats commis d’office de ne pas vouloir « continuer ce procès » et de « multiplier les incidents », selon des propos rapportés par l’AFP.

« J’en appelle au sens des responsabilités de chacun pour que les audiences se passent de manière paisible », a ajouté ce mercredi midi le procureur général à l’ouverture de la séance.

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« Les propos que monsieur le Président a tenu à mon égard constituent une infamie », a répliqué Me Mentenon, en réaction à une passe d’armes survenue la veille avec le président de la Cour. « Pourquoi me parle-t-il de la sorte ? Pour se donner une quelconque autorité qu’il n’a pas ? », a rajouté l’ancien bâtonnier, avant que la séance ne soit interrompue pour apaiser l’ambiance électrique.

Nouvelle suspension

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Des débats auxquels a assisté Maître Ange Rodrigue Dadjé, avocat de Simone Gbagbo avant que son équipe de conseils ne claque la porte du tribunal en novembre dernier, entraînant la désignation des avocat commis d’office. Depuis des semaines, Me Dadjé exigeait la comparution de plusieurs personnalités de la crise post-électorale, dont l’actuel président de l’Assemblée nationale et ancien chef de la rébellion, Guillaume Soro.

« Paradoxe des choses, les acteurs des faits de la crise ivoirienne (déjà Brédou M’bia et actuellement Kassaraté Tiapé), dont la comparution est réclamée à juste titre par Madame Simone Gbagbo et sa défense, sont mis gracieusement à la disposition de la Cour Pénale Internationale » (dans le cadre du procès de Laurent Gbagbo, NDLR), a déclaré Me Dadjé dans un communiqué diffusé mardi soir.

Depuis des mois, le second procès de l’ancienne première dame, ouvert en mai 2016, ne cesse d’être suspendu ou reporté. Les audiences reprendront d’ailleurs le mardi 21 mars, a annoncé mercredi le président de la Cour.

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