Présidentielle française : l’Afrique, on l’aime… ou on l’oublie
Lorsqu’un politicien français est né ou a grandi en Afrique, que lui reste-il d’africain, à une encablure d’une présidentielle ?
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Damien Glez
Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.
Publié le 17 mars 2017 Lecture : 2 minutes.
À quelques jours de la publication officielle de la liste des candidats retenus pour la présidentielle française, ce 21 mars 2017, les observateurs du monde entier scrutent les profils des « candidables ». Chacun voyant midi à sa porte, les Africains hument les éventuels parfums d’africanité de ce scrutin dont le premier tour se déroulera le 23 avril. Ils ont déjà compris que le continent ne sera guère un enjeu politique de l’élection.
À côté de l’anecdotique « carte blanche » de Manuel Valls en faveur d’une Afrique multicolore -au dernier débat d’une primaire de gauche qu’il a perdue – et la déclaration d’Emmanuel Macron sur la colonisation criminelle de l’Algérie, la zone géographique intéresse essentiellement pour l’enjeu sécuritaire lié à la menace jihadiste.
Il reste à sonder les liens personnels des compétiteurs avec l’Afrique. Sans s’intéresser aux destinations touristiques favorites des uns et des autres, il est à noter qu’une part non négligeable de politiciens français de premier rang sont nés sur le continent. Le candidat de « La France insoumise » à la présidentielle, Jean-Luc Mélenchon, est né au Maroc, à Tanger. Celle qui entendait incarner au scrutin l’héritage politique de Jean-Louis Borloo, à travers son mouvement « La France qui ose », Rama Yade, a non seulement vu le jour à Dakar, en 1976, mais avec la nationalité sénégalaise. C’est dans la même ville qu’est née une ancienne candidate à l’Elysée, Ségolène Royal. La capitale sénégalaise a également accueilli l’enfant Benoît Hamon qui a suivi sa scolarité du CE2 à la 5e au cours Sainte-Marie de Hann, établissement qui reçut aussi Karim Wade.
Fillon cerné par les natifs de Tunisie
À droite, le LR Hervé Mariton entendait se présenter en avril prochain. Mais le natif d’Alger n’a même pas été sélectionné pour participer à la primaire de la droite et du centre. Si François Fillon est né en France, lui, sa carrière semble cernée par les natifs de Tunisie. En amont, son mentor Philippe Séguin était né à Tunis, alors qu’en aval, son pire frondeur, le sarkoziste Georges Fenech, est né à Sousse.
Parmi ceux qui n’ont jamais réussi à tenter une candidature à la magistrature suprême française, nombreux sont également nés en Afrique : l’actuel président de l’Assemblée nationale, Claude Bartolone, a vu le jour à Tunis, comme l’ancien maire de la capitale française, Bertrand Delanoë, aujourd’hui rallié à Emmanuelle Macron. L’ancien Premier ministre Dominique de Villepin est né à Rabat. L’ancienne ministre socialiste de la Justice Elisabeth Guigou a vu le jour à Marrakech, comme le transfuge de son parti, Éric Besson, dont le lieu de naissance marocain ne l’a pas empêché de prendre en charge le maroquin controversé de l’Immigration et de l’Identité nationale ; tout en épousant successivement une Tunisienne et une Française d’origine marocaine.
Encore jeune, prometteuse et donc potentiellement présidentiable, l’actuelle ministre de l’éducation nationale, Najat Vallaud Belkacem, a poussé son premier cri à Bni Chiker. Julien Dray, un très proche de son patron, est quant à lui né à Oran, tout comme le maire de Béziers Robert Ménard. Manifestement, que les poumons d’un nourrisson commencent par inhaler un air maghrébin n’inspire pas automatiquement au bébé devenu adulte une folle envie d’accueillir les Africains dans sa ville française…
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