Burkina – Zephirin Diabre : « Le référendum est inopportun et dangereux pour la paix sociale »

Après l’annonce du gouvernement, mardi, d’un référendum à venir pour ouvrir la voie à une nouvelle candidature de Blaise Compaoré, l’opposition annonce d’ores et déjà qu’elle a l’intention de se mobiliser. Entretien avec son chef de file, Zephirin Diabré.

Zephirin Diabre, en janvier 2014 à Ouagadougou. © Sophie Garcia, pour Jeune Afrique.

Zephirin Diabre, en janvier 2014 à Ouagadougou. © Sophie Garcia, pour Jeune Afrique.

Publié le 22 octobre 2014 Lecture : 3 minutes.

Mis à jour le 23/10 à 9 heures

Ouagadougou s’est réveillée dans le calme après une nuit agitée. L’annonce du gouvernement, mardi 21 octobre, de soumettre un projet de loi à l’Assemblée nationale visant à modifier la Constitution, accompagné par la convocation d’un référendum, a donné lieu à des manifestations spontanées et des arrestations dans la capitale bukinabè. Quelques centaines de protestataires se sont massés mercredi entre 20h00 et 23h00 dans plusieurs quartiers de la capitale, bloquant un temps le trafic, avant d’être dispersés dans le calme par les forces de l’ordre, davantage présentes que la nuit précédente.

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Une centaine de personnes avaient également barré d’environ 21h00 mardi à 03h40 GMT la nationale 1, la principale route du Burkina Faso, qui relie Ouagadougou à Bobo Dioulasso, deuxième ville du pays et porte vers la Côte d’Ivoire et le Mali voisins.

L’opposition, qui dénonce une manoeuvre de Blaise Compaoré, au pouvoir depuis 27 ans, pour préparer sa réélection, a l’intention d’organiser une journée nationale de protestation le mardi 28 octobre. Son chef de file, Zephirin Diabré, livre à Jeune Afrique sa lecture de la situation.

Jeune Afrique : Comment l’opposition réagit à l’annonce du gouvernement d’introduire un projet de loi à l’Assemblée nationale visant à modifier la Constitution, notamment l’article 37 qui limite le mandat présidentiel ?

Zephirin Diabré : Ce n’est pas une surprise. On le voyait venir depuis deux ans, surtout depuis l’échec du dialogue politique convoqué fin septembre par le président du Faso. Je dirais que les masques sont tombés.

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Initialement, le gouvernement avait pensé pouvoir se servir de l’article 49 de la Constitution pour procéder à la révision de l’article 37. Je vois qu’il s’est résolu maintenant à passer par le Parlement en demandant son autorisation pour parvenir à ses fins. Nous restons sur notre ligne politique, nous pensons que le référendum est inopportun et dangereux pour la paix sociale. Nous allons donc continuer le combat pour faire échec à cette tentative. Jusque-là, nous étions dans la phase de  dissuasion. Nous passons à la confrontation.

Jusque-là, nous étions dans la phase de dissuasion. Nous passons à la confrontation.

Que voulez-vous dire ?

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On va d’abord se battre pour que le projet de loi ne soit pas voté à la majorité. Nos députés ont fait un travail de sensibilisation et nous espérons que cela va porter des fruits. Mais si nous échouons sur ce point, il nous faudra employer d’autres moyens.

Lesquels ?

Je ne peux vous les dévoiler maintenant. Mais, sachez que l’opposition fera tout pour que ce projet ne passe pas. Nous allons annoncer, en fonction de l’évolution de la situation,  d’autres formes de lutte pour faire échec au référendum.

Quelle lecture faites-vous des manifestations spontanées qui ont suivi l’annonce du gouvernement dans la nuit de mardi à mercredi ?

Nous ne sommes pas surpris par ce mouvement de colère. Nous avions déjà constaté que la rue bouillonne. La fièvre monte et, à un moment, cela peut exploser. Mais ce qui s’est passé mardi ne résulte pas d’un mot d’ordre de l’opposition. Cela découle d’une réaction spontanée de mécontentement dans les quartiers.

L’opposition annonce une journée de protestation le mardi 28 octobre.  Concrètement comment cela va se passer ?

C’est une journée nationale de protestation. Nous appelons donc tous les Burkinabè à se mobiliser, selon les modalités que nous définirons. À Ouagadougou, la manifestation débutera par un rassemblement à la place de la Nation suivi d’une marche et d’un meeting. Nous souhaitons bien montrer que nous sommes en défiance vis-à-vis des autorités du pays.

Les marches de protestation ont déjà empêché la mise en place du Sénat. Ce n’est donc pas un exercice inutile. Nous sommes une opposition républicaine qui agit dans le cadre des lois et règlements de notre pays.

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Propos recueillis à Ouagadougou par Nadoun Coulibaly

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