CAF – Claude Le Roy : « Hayatou aurait dû partir de lui-même »

Occupé à préparer les matchs amicaux en Égypte contre la Libye (24 mars) et les Pharaons (28 mars), Claude Le Roy, le sélectionneur du Togo, a pris quelques minutes pour revenir sur la défaite historique d’Issa Hayatou le 16 mars, lors de l’élection du président de la CAF.

Claude Le Roy à Durban pendant la CAN en Afrique du Sud, le 28 janvier 2013. © Rebecca Blackwell / AP / SIPA

Claude Le Roy à Durban pendant la CAN en Afrique du Sud, le 28 janvier 2013. © Rebecca Blackwell / AP / SIPA

Alexis Billebault

Publié le 17 mars 2017 Lecture : 2 minutes.

Jeune Afrique : Vous attendiez-vous à ce que Ahmad Ahmad fasse tomber Issa Hayatou ?

Claude Le Roy : Je n’y croyais pas trop, même si j’avais cru comprendre qu’Ahmad Ahmad, que je ne connais pas, était soutenu par Gianni Infantino, le président de la FIFA, lequel voulait se débarrasser de Hayatou. Je m’attendais à une victoire serrée de ce dernier. Je crois qu’il n’avait pas vraiment préparé cette élection, et qu’il n’a pas été très conseillé. Ses proches n’avaient semble-t-il pas pris la mesure de l’activisme du camp adverse. Je regrette que Hayatou, que j’ai connu au Cameroun quand j’étais le sélectionneur des Lions – il a été notamment Secrétaire général puis président de la fédération – ne soit pas parti de lui-même. Cela aurait été mieux pour lui que d’endurer une lourde défaite.

Hayatou a fait progresser le foot africain de manière évidente

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Quel bilan faites-vous de l’action d’Issa Hayatou à la tête de la CAF ?

Beaucoup de choses ont été faites. Le nombre de places pour l’Afrique en phase finale de Coupe du Monde, le format de la CAN et des compétitions de club, la création du CHAN notamment. La CAF est en bonne santé financière, parce qu’il a su attirer des sponsors importants. En presque trente ans de présence, il a fait progresser le foot africain de manière évidente. Tout le monde, même ses détracteurs, peuvent s’en rendre compte. Mais j’attends du nouveau président qu’il agisse, car tout n’a pas été fait par le passé.

À quoi pensez-vous plus précisément ?

Il y a des choses urgentes à mettre en place. Notamment s’attaquer au problème de l’âge des joueurs, dans certains pays. Au niveau international, l’Afrique est capable de gagner des titres chez les jeunes, mais pas chez les seniors. Il y a quelque chose qui ne va pas. Autre urgence : obliger les clubs de Division 1 en Afrique à avoir au moins deux équipes de jeunes engagées dans des championnats de jeunes. Il faut aussi mettre l’accent sur la formation des entraîneurs. On nous parle de Florent Ibenge (RD Congo) ou d’Aliou Cissé (Sénégal), mais ils ont été formés en France. Je sais que toutes ces politiques ont un coût, mais la progression du football africain passera par là.

Que l’État aide, d’accord, mais dans des proportions moindres qu’actuellement

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Quelles sont les autres urgences ?

Développer un professionnalisme à l’africaine. Ainsi, cela évitera à des milliers de jeunes africains de tenter de rejoindre l’Europe ou l’Asie, et parfois au péril de leur vie, pour gagner trois francs six sous. Si on leur propose des bonnes conditions de travail dans leur pays, avec un contrat type, ils resteront. Pas tous, mais beaucoup. Il y a aussi quelque chose qui n’est pas viable : à 90 %, les sélections nationales dépendent totalement de l’État, y compris dans des pays comme le Sénégal ou la RD Congo. Ce n’est pas normal. Les fédérations doivent pouvoir trouver des sponsors. Que l’État aide, d’accord, mais dans des proportions moindres qu’actuellement. Il n’est pas normal que des sélections nationales ne puissent pas s’engager dans des qualifications pour la CAN ou la Coupe du Monde car elles on ne leur donne pas les moyens de se déplacer.

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