Maroc : le chef du gouvernement Saadeddine El Othmani consulte pour former un gouvernement

Le nouveau chef de gouvernement désigné, Saadeddine El Othmani, entamera ce mardi 21 mars de nouvelles consultations avec les partis politiques représentés au Parlement en vue de former sa majorité.

Le chef du gouvernement marocain, Saadeddine El Othmani, avec son prédécesseur, le secrétaire général du Parti justice et développement (PJD), Abdelilah Benkirane, lors d’un meeting électoral le 25 septembre 2016 à Rabat. © Abdeljalil Bounhar/AP/SIPA

Le chef du gouvernement marocain, Saadeddine El Othmani, avec son prédécesseur, le secrétaire général du Parti justice et développement (PJD), Abdelilah Benkirane, lors d’un meeting électoral le 25 septembre 2016 à Rabat. © Abdeljalil Bounhar/AP/SIPA

ProfilAuteur_NadiaLamlili

Publié le 20 mars 2017 Lecture : 3 minutes.

« Ces consultations se feront par ordre en fonction des résultats obtenus par les partis lors des législatives », indique à Jeune Afrique Mohamed Yatim, membre du secrétariat général du Parti justice et développement (PJD, islamiste).

En principe, c’est le Parti authenticité et modernité (PAM), arrivé deuxième lors de ce scrutin, qui ouvrira le bal. El Othmani attend la confirmation de son secrétaire général, Ilyas El Omari, occupé ce lundi par une activité royale à Tanger en tant que président de cette région. Ensuite viendra le tour des conservateurs du parti de l’Istiqlal (PI), troisième force politique du pays, suivis par les libéraux du Rassemblement national des indépendants, quatrièmes.

la suite après cette publicité

Sont aussi concernés par ce nouveau round de négociations : le Mouvement populaire (27 sièges), l’Union socialiste des forces populaires (20 sièges), l’Union constitutionnelle (19 sièges) et le Parti du progrès et socialisme (PPS), allié indéfectible des islamistes.

« Wait and see »

Le PAM, qui a annoncé en octobre dernier avoir rejoint le camp de l’opposition au PJD, joue maintenant la carte de l’attentisme. Au sujet d’une éventuelle participation au gouvernement d’El Othmani, Ilyas El Omari a déclaré à la presse marocaine « [qu’il attendrait] de voir la position du nouveau chef de gouvernement et [qu’il déciderait] en fonction ».

C’est le « wait and see » chez toutes les formations politiques concernées par ces négociations, y compris au sein du RNI de Aziz Akhannouch. Celui qui a fini par avoir la peau de Benkirane après un bras de fer spectaculaire sur la participation de l’USFP au futur gouvernement est soudainement redevenu enthousiaste. Au lendemain de la nomination de Saâdeddine El Othmani, il a salué « la sagesse » de ce dernier et l’a assuré de son soutien dans l’application de sa mission.

la suite après cette publicité

Pas d’engagement, pas de surenchère

Le PJD s’accroche à un gouvernement formé de la majorité actuelle, qui n’inclut pas l’USFP. Abdelilah Benkirane l’a maintes fois déclaré et en a même fait une question d’honneur. Mais depuis son limogeage surprise, ses collègues rongent leur frein. « Le nouveau chef de gouvernement, Saadeddine El Othmani, adoptera la position idoine en fonction de ses consultations avec les partis », déclare Mohamed Yatim. En somme, on ne s’engage pas, on attend de voir.

la suite après cette publicité

Un parti discipliné et solidaire

Cette prudence est purement tactique : éviter toute surenchère qui pourrait nuire aux futures négociations. Elle ne dit pas si le PJD compte changer de position vis-à-vis de l’USFP ou s’il adoptera une nouvelle stratégie de négociation. Avec ou sans Benkirane, les islamistes s’estiment victimes du diktat de « l’État profond » et dénoncent régulièrement « les assauts contre la volonté des urnes » (contre le PJD, ndlr). Certes, ils ne s’entendent pas sur tous les sujets, mais restent solidaires. À la fin de chaque réunion, tout le monde s’aligne sur une position officielle, solennellement notifiée aux médias.

Le conseil national du PJD, réuni en urgence samedi 18 mars, n’a pas dérogé à cette règle. Il a publié un communiqué des plus révérencieux à l’égard de la monarchie, réitérant son alignement sur les orientations de Mohammed VI et sa volonté d’accélérer les consultations. Aucune rébellion ou écart de langage n’est à relever, même si le limogeage royal a surpris au sein d’un parti qui s’attendait à un arbitrage moins fracassant. Solidaires et disciplinés, les Pjdistes se sont inclinés devant la volonté de sa Majesté, accordant leur confiance à celui qu’il a choisi tout en rendant hommage à celui qu’il a remercié.

C’est reparti pour un tour ! 

Et maintenant ? La question est de savoir si Saadeddine El Othmani sera plus souple que Benkirane. « Tout dépend de la position de ses principaux interlocuteurs et si, eux aussi, feront montre de souplesse», confie un membre du PJD. « De toutes les manières, El Othmani n’agira pas en solo », poursuit-il. Les consultations sont étroitement encadrées par le secrétariat général du PJD dont une nouvelle réunion est prévue ce mardi.

Un nouveau round commence dans ce feuilleton gouvernemental qui restera dans les annales.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

La rédaction vous recommande

Abdelilha Benkirane, le leader du Parti Justice et Développement après les élections législatives, lors d’une conférence de presse à Rabbat au Maroc, le 7 octobre 2016. © AP/SIPA

Maroc : fin de la récréation pour le PJD

Maroc : le baroud d’honneur d’Abdelilah Benkirane

Contenus partenaires