RDC : après les massacres à Béni, la ville n’a plus confiance dans l’armée
Les rebelles ougandais de l’ADF-Nalu (Forces démocratiques alliées – Armée de libération de l’Ouganda) sèment la terreur à Beni, dans l’est de la RDC.
Mis à jour à 11 heures 20
En une quinzaine des jours, les rebelles ougandais de l’ADF-Nalu (Forces démocratiques alliées – Armée de libération de l’Ouganda), que le gouvernement et l’armée disaient avoir mis presque hors d’état de nuire, ont tué sauvagement environ 80 personnes dans l’est de la République démocratique du Congo.
Les rebelles de l’ADF ont poussé l’audace jusqu’à attaquer les faubourgs de Beni, agglomération de 500 000 habitants, fief de la tribu Nande et place commerciale importante de la région des Grands Lacs où sont cantonnés de nombreux militaires, mais personne ne les a arrêtés. Résultat : 30 personnes, hommes, femmes et enfants, trucidées à l’arme blanche dans la nuit de mercredi à jeudi.
>> Lire aussi : Les rebelles de l’ADF-Nalu, nouvelle menace pour le Nord-Kivu
Depuis, les habitants de Beni commencent à se défier des autorités locales. Dans le centre, quelques dizaines d’habitants ont justement déserté leur domicile des quartiers de la périphérie nord. "Je quitte mon quartier parce qu’on y a jeté des tracts qui disaient qu’ils allaient venir y tuer les gens", explique Solange Sekera, mère de famille de 27 ans suivie de ses trois enfants. Et même si personne n’a vu ses fameux tracs, la peur est là : au pays de la rumeur, il est acquis que les funestes feuilles ont été "signalées" dans deux communes de l’agglomération.
"Restez calmement dans vos maisons, les autorités maîtrisent la situation". Le message passé dimanche matin à la radio par Nyonyi Masumbuko, maire de cette ville du Nord de la province du Nord-Kivu, ne convainc guère.
L’évasion dans la nuit de samedi à dimanche d’environ 300 détenus de la prison de Butembo, à deux heures de route au sud de Beni, renforce les craintes des habitants. Dans un communiqué, la Société civile du Nord-Kivu parle d’un "coup dur" et "s’inquiète du déversement de nombreux criminels dans une société où la sécurité est fragile".
Vigies civiles
Faustin Paluku, fonctionnaire de 27 ans "demande au gouvernement de bien faire son travail". "Dans le cas contraire, qu’il dise à la population de se prendre en charge."
"Ceux qui vous disent que nous sommes en sécurité vous mentent", accuse Léon (prénom changé). "Les autorités nous ont promis de rétablir l’ordre dans la ville mais […] nous n’avons pas confiance en elles", ajoute cet avocat.
Depuis deux jours, ajoute l’homme, on a organisé des vigies civiles dans plusieurs quartiers : de petits groupes qui veillent toute la nuit à des carrefours autour d’un feu de bois.
(Avec AFP)
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