Yémen : trois ans de conflit et un bilan humanitaire apocalyptique

Risque aigu de famine, blocus humanitaire, bombardements sans répit… La situation au Yémen est l’une des plus graves au monde, selon six ONG internationales, qui ont réclamé mercredi un accès humanitaire d’urgence et une reprise du processus diplomatique.

Des rebelles houthis scandent des slogans, à Sanaa, au Yémen en octobre 2016. © Hani Mohammed/AP/SIPA

Des rebelles houthis scandent des slogans, à Sanaa, au Yémen en octobre 2016. © Hani Mohammed/AP/SIPA

Publié le 22 mars 2017 Lecture : 2 minutes.

Les chiffres sont effrayants : 19 millions de personnes, soit 60 % de la population de ce pays ravagé par la guerre, en situation d’insécurité alimentaire, dont trois millions de femmes et d’enfants souffrant de malnutrition aiguë ; plus de la moitié des centres de santé du pays hors de fonctionnement ; 20 000 cas suspectés de choléra…

Lors d’une conférence de presse à Paris, six ONG – Médecins du Monde, Care, Solidarités international, Première Urgence internationale, Action contre la Faim et Handicap International – ont dressé un tableau humanitaire apocalyptique.

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Des difficultés innombrables

Près de deux ans jour pour jour après le déclenchement d’une intervention d’une coalition arabe conduite par l’Arabie saoudite pour contrer les rebelles chiites houthis, la situation au Yémen, qui était déjà le pays le plus pauvre de la péninsule arabique, est « catastrophique », ont insisté les ONG.

Et « le Yémen est un des pays du monde dans lequel les acteurs humanitaires rencontrent le plus de difficultés », a souligné Hélène Quéau, de Première Urgence. « Les infrastructures routières sont détruites totalement ou partiellement, l’accès aux aéroports et aux ports est très compliqué, les bombardements de la coalition arabe limitent les déplacements » et la présence d’Al Qaïda fait peser un risque sécuritaire, a-t-elle énuméré.

À titre d’exemple, un bateau chargé d’aide de Première urgence est bloqué depuis janvier, car il ne peut accéder au principal port de Hodaida, opérationnel à 10 %. De même, ACF bataille depuis des semaines pour tenter de faire entrer 250 tonnes dans le pays. « L’embargo sur les armes (instauré en avril 2015 par l’ONU) est devenu de facto un blocus humanitaire », a dénoncé le docteur Serge Breysse, d’ACF.

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Bombardements contre des écoles

Les ONG ont également dénoncé le « mépris du droit international » par les belligérants, notamment la coalition arabe accusée de bombarder de façon indiscriminée des cibles civiles (écoles, hôpitaux) et d’utiliser des armes interdites comme les armes à sous-munition, proscrites depuis 2008.

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Elles ont réclamé une relance d’urgence du processus diplomatique, dans l’impasse totale depuis des mois, et la levée de l’embargo sur le Yémen.

Le Yémen est déchiré par une guerre qui oppose les rebelles houthis et leurs alliés aux troupes loyales au président Hadi. Le conflit, qui a fait 7 500 morts et 40 000 blessés selon l’ONU, s’est aggravé avec l’intervention en mars 2015 de la coalition arabe pour aider les forces progouvernementales à chasser les Houthis, qui ont pris le contrôle de la capitale Sanaa et d’autres parties du pays.

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