Mozambique : avec « Txeka », les blogueurs se mobilisent pour la transparence des élections

Mercredi 15 octobre, les électeurs mozambicains se sont rendus aux urnes pour choisir leur président et leurs assemblées nationale et provinciales. Sur l’exemple kényan d’Ushahidi, le collectif de blogueurs « Olho de Cidadao » a mis en place « Txeka », une plateforme participative qui permet de centraliser les témoignages de fraudes envoyés par SMS par des citoyens depuis tout le pays.

Des membres de la plateforme Txeka le jour du vote, le 15 octobre à Maputo. © Adrien Barbier / J.A.

Des membres de la plateforme Txeka le jour du vote, le 15 octobre à Maputo. © Adrien Barbier / J.A.

Publié le 16 octobre 2014 Lecture : 2 minutes.

En pleine concentration, la vingtaine de blogueurs entassés dans l’arrière salle d’une maison particulière du centre de Maputo ont tous les yeux rivés sur leurs écrans. Ils doivent faire vite : en ce jour d’élection, des messages tombent toutes les minutes pour rapporter des irrégularités constatées dans les quatre coins du pays. "C’est magnifique !, lance Fernanda Lobato, l’activiste volubile qui coordonne le projet. Nous ne nous attendions pas à une telle participation".

Lancée officiellement le 10 octobre dernier, la plateforme "Txeka", de "check" en anglais ("vérifie"), outrepasse les attentes du collectif de blogueurs Olho de Cidadao qui l’anime. En 24 heures, Txeka a reçu plus de 2 000 messages, qui auront permis de mettre en ligne 500 rapports d’observations sur la plateforme et les réseaux sociaux.
Txeka est le pendant mozambicain des plateformes de "crowdsourcing" imaginées par l’entreprise Ushahidi, lancée en 2007 lors des violences postélectorales au Kenya.

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Le principe : chaque citoyen peut envoyer un rapport d’observation ou un constat d’irrégularité par SMS, email ou via l’application mobile. Ces rapports sont ensuite traités par l’équipe de blogueurs basés à Maputo, qui édite les messages afin d’en retirer les fautes et les propos injurieux, puis les mets en ligne. Certains membres du collectif sont ensuite chargés de vérifier les informations, en contactant le réseau partenaire d’observateurs nationaux et internationaux répartis sur tout le territoire.

Le début d’un mouvement citoyen

Dû à la forte affluence mercredi, le site internet est tombé vers 18h, avant d’être rapidement rétabli. "Pour la partie technique, nous avons des techniciens d’Ushahidi qui sont là pour nous aider", explique Tomas Queface, 25 ans, l’autre coordinateur du projet. Les blogueurs, pour la plupart étudiants, bénéficient également du soutien financier et logistique des ambassades canadiennes et américaines.

Si le scrutin s’est déroulé assez pacifiquement, malgré quelques actes de violences constatés à Beira et Nampula, la plateforme a permis de rendre public plusieurs fraudes : une professeure en train de mettre plusieurs bulletins dans une urne, un président de bureau de vote attrapé avec des bulletins pré-remplis, des coupures de courant lors du comptage, des urnes brulées par des militants…

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"Nous ne comptons pas nous arrêter aux élections", commente Fernanda Lobato, qui pense aux domaines de la santé, de l’éducation. "Ce n’est que le commencement, les citoyens ont enfin un espace pour parler de leurs problèmes".

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Adrien Barbier, à Maputo

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