Un souffle nouveau pour le progrès économique au pays du café-cacao
« Le pays du père Houphouët », le pays du café-cacao, le premier exportateur mondial du cacao – pour paraphraser ou plutôt expliciter les paroles du chanteur ivoirien Kédjévara DJ – va connaitre une croissance de 8% pour l’année 2017 et ce justement grâce au dur labeur des agriculteurs ; c’est certainement une bonne raison d’être fier de son pays.
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Cédric KONE
Cédric Koné est juriste et membre du Front populaire ivoirien.
Publié le 24 mars 2017 Lecture : 2 minutes.
Cependant cette bonne nouvelle est ternie par le PNUD, quand elle établit son classement en 2015, l’organisation annexe de l’ONU fait de la Côte d’Ivoire un des plus mauvais élève au monde en matière de développement humain.
Si la Côte d’Ivoire passe de la 171e à la 172e place, c’est parce que les infrastructures et même le système sanitaire tout entier est malade ; l’éducation nationale en régression continue fait partie des cancres du monde, l’école ne se préoccupe plus de lutter contre l’échec scolaire, l’illettrisme poursuit son chemin quand l’analphabétisme crève le plafond.
Le système éducatif toujours centralisé va à vau-l’eau. Selon les indicateurs qui servent à établir l’Indice de Développement Humain (IDH), la vie en Côte d’Ivoire devient insupportable pour la population compte tenu des obstacles dans l’accès au logement et surtout à l’emploi, qui permet de remplir la condition indispensable pour obtenir un toit souvent mal loti.
Peut-on alors affirmer que la croissance est surestimée en Côte d’ivoire ?
La caution pour un logement par exemple correspond à une avance de loyer qui équivaut dans la plupart du temps à cinq mensualités du loyer. C’est cher payé, alors que ce type d’avance pour la France est moitié moins importante en moyenne.
La France dont le PIB pour l’année 2017 sera inférieure de -6,6% comparé à la Côte d’Ivoire. Le chiffre de 1,4% s’explique par le soutien à l’emploi du gouvernement français, cela ne s’invente pas.
Peut-on alors affirmer que la croissance est surestimée en Côte d’ivoire ? La croissance est souvent l’équivalence de l’augmentation des moyens de production, autrement dit si de nombreuses entreprises s’installent dans un pays on peut parler de croissance.
Elle sera intensive si elle est efficace dans la création d’emplois et par ricochet dans la baisse du chômage qui entraînera l’amélioration du niveau de vie et du pouvoir d’achat des populations.
Depuis 1980, les finances de l’État ivoirien souffrent, trop dépendante du binôme café-cacao ; au rythme des crises politico-militaires qui l’ont secoué ; outre ses éléphants blancs combinés à la mauvaise gestion des caisses de l’État, il n’a pu renouveler ses matières imposables dans sa structure fiscale illisible.
Le progrès économique, au contraire de la croissance, c’est le synonyme de l’augmentation des revenus pour la majorité et non pour une minorité.
Alors que pour l’OCDE, le développement des États africains devrait passer par la fiscalité qui fournit les moyens financiers nécessaires pour la réalisation des infrastructures et le progrès économique. Le progrès économique, au contraire de la croissance, c’est le synonyme de l’augmentation des revenus pour la majorité et non pour une minorité.
Le secteur informel, qui correspond à un secteur fortement traditionnel, emploie de nombreux ivoiriens et par extensions de nombreux ressortissants des pays de l’Afrique de l’Ouest et même de l’Afrique.
Il s’agit d’une mine d’or qui permet à toutes ces populations de se prendre en charge avec des comptes, des investissements et tout ce qui a trait au monde de l’entreprise aujourd’hui.
Tout le monde s’enrichit donc, sauf l’État dont les finances publiques ne sont pas soutenables. Il lui appartient donc, puisque c’est son pouvoir fiscal, de créer les conditions nécessaires pour attirer dans son escarcelle ce riche investisseur.
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