Côte d’Ivoire : Simone Gbagbo « plus calife que le calife » pour les avocats des parties civiles

Les avocats des parties civiles ont estimé, au cours de leurs plaidoiries finales du procès de Simone Gbagbo pour crime contre l’Humanité, que l’ex-première dame était coupable, l’accusant d’avoir été « plus calife que le calife » lors de la crise ivoirienne. Le procureur doit prononcer son réquisitoire ce mardi.

Simone Gbagbo à Abidjan, en Côte d’Ivoire, le 15 janvier 2011. © Rebecca Blackwell/AP/SIPA

Simone Gbagbo à Abidjan, en Côte d’Ivoire, le 15 janvier 2011. © Rebecca Blackwell/AP/SIPA

Publié le 28 mars 2017 Lecture : 2 minutes.

« Mme Gbagbo a reçu 44 fois le ministre des Finances. Son mari 13 fois. Elle a reçu 37 fois le ministre de la Défense, son mari Laurent Gbagbo huit fois », a lancé ce lundi 27 mars Diomande Vafoungbe, avocat des parties civiles, qui a épluché et comparé à l’audience les agendas de l’ex-première dame et de l’ancien président Laurent Gbagbo sur plusieurs années.

« C’est dire toute la place qu’avait Mme Gbagbo auprès de son mari […]. Elle était la co-calife, l’autre calife, plus calife que le calife », a insisté Diomande Vafoungbe, l’accusant de se « comporter comme un chef de l’armée […]. Elle était au cœur du système, les unités venaient lui rendre [des] comptes. »

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« Il y a un prix à payer et ce prix, c’est qu’elle soit déclarée coupable », a-t-il conclu, exhibant des factures d’achats d’armes et un courrier de miliciens sur le terrain.

« Nous ne l’avons pas vue sur le terrain en train de tenir une kalach’ mais du point de vue mental, intellectuel […], lorsque quelqu’un est l’auteur intellectuel, c’est justement sur la base des responsabilités. L’ancien vice-président de la RDC, Jean-Pierre Bemba, a pris 18 ans devant la CPI. C’est la même règle. Jean-Pierre Bemba n’était pas sur le terrain avec ses troupes. C’est la même chose pour Mme Gbagbo ».

La défense veut tout reprendre à zéro

Depuis son ouverture le 31 mai 2016, le procès de Simone Gbagbo est allé de report en report en raison de discussions de procédure. Les avocat de l’ex-première dame se sont retirés au profit d’avocats commis d’office, qui eux-mêmes ont annoncé la semaine dernière qu’ils n’assisteraient pas au procès.

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Les avocats de Mme Gbagbo ont depuis estimé, dans un communiqué, que « les actes, déclarations et décisions de la Cour d’assises et du ministère public contreviennent gravement aux engagements pris par l’État de Côte d’Ivoire de garantir à Mme Simone Gbagbo un procès juste et équitable ».

Selon eux, « le gouvernement de Côte d’Ivoire a échoué à organiser sereinement et équitablement un procès aussi historique que celui de Mme Simone Gbagbo pour crime contre l’Humanité et crime de guerre ». Ils réclament la démission du ministre de la Justice « ou à tout le moins son limogeage et la reprise à zéro de ce procès historique, et ce avec tous les acteurs des faits et une véritable indépendance et impartialité de la Justice ».

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Simone Gbagbo absente

Simone Gbagbo, qui risque la prison à vie et dont la dernière apparition au tribunal remonte à fin novembre 2016, ne devrait pas être présente ce mardi 28 mars.

Elle est jugée pour son implication présumée dans des tirs d’obus sur le marché d’Abobo, un quartier d’Abidjan favorable à Alassane Ouattara − rival de son mari Laurent Gbagbo à la présidentielle de novembre 2010 − et pour sa participation à une cellule qui organisait des attaques menées par des milices et des militaires proches du régime.

Simone Gbagbo purge déjà une peine de 20 ans de prison pour « atteinte à la sûreté de l’État », prononcée en 2015.

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