Côte d’Ivoire : le procureur requiert la prison à vie contre Simone Gbagbo
Aly Yéo, le procureur général du tribunal d’Abidjan a requis ce mardi une peine d’emprisonnement à vie à l’encontre de Simone Gbagbo, jugée pour crime contre l’Humanité.
« Messieurs les jurés, vous déclarerez Mme Gbagbo coupable de crime contre l’Humanité et de crime de guerre et vous la condamnerez à l’emprisonnement à vie », a déclaré le procureur général Aly Yéo mardi 28 mars à l’issue d’une heure de réquisitoire.
Selon le procureur, depuis l’accession de son époux Laurent Gbagbo, au pouvoir en 2000, l’ex-première dame ivoirienne s’est imposée « comme le véritable chef de la Côte d’Ivoire, de l’armée, de la police et de la gendarmerie ».
Simone Gbagbo a été le chef d’un »véritable organe décisionnel sur le plan sécuritaire », souligne le parquet général, s’appuyant sur des documents trouvés chez le couple présidentiel, lors de leur arrestation le 11 septembre 2011. D’après le procureur, Simone Gbagbo a « répondu à des correspondances de marchands d’armes qui lui proposaient des achats d’armes et d’hélicoptères de combat ».
À l’issue du réquisitoire, le jury s’est retiré pour délibérer. Son verdict est attendu ce mardi 28 mars.
« Plus calife que le calife »
Hier, lundi 27 mars, les avocats de la partie civile avaient accusé l’ancienne première dame d’avoir été « plus calife que le calife » lors de la crise ivoirienne. « Mme Gbagbo a reçu 44 fois le ministre des Finances. Son mari 13 fois. Elle a reçu 37 fois le ministre de la Défense, son mari Laurent Gbagbo huit fois », avait argumenté Diomande Vafoungbe, l’avocat des parties civiles.
« C’est dire toute la place qu’avait Mme Gbagbo auprès de son mari […]. Elle était la co-calife, l’autre calife, plus calife que le calife », a insisté Diomande Vafoungbe, l’accusant de se « comporter comme un chef de l’armée […]. Elle était au cœur du système, les unités venaient lui rendre [des] comptes. »
Simone Gbagbo absente
Simone Gbagbo − dont la dernière apparition au tribunal remonte à fin novembre 2016 − n’était pas présente, pas plus que ses avocats commis d’office. Ils ont estimé, dans un communiqué, que « les actes, déclarations et décisions de la Cour d’assises et du ministère public contreviennent gravement aux engagements pris par l’État de Côte d’Ivoire de garantir à Mme Simone Gbagbo un procès juste et équitable ».
L’ancienne Première dame est jugée pour son implication présumée dans des tirs d’obus sur le marché d’Abobo, un quartier d’Abidjan, et pour sa participation à une cellule qui organisait des attaques menées par des milices et des militaires proches du régime. Elle purge déjà une peine de 20 ans de prison pour « atteinte à la sûreté de l’État », prononcée en 2015.
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