Centrafrique : un semblant de calme à Bangui, la présidente reçoit les anti-balaka

Un semblant de calme était revenu samedi à Bangui après quatre jours de violents affrontements, alors qu’une rencontre entre la présidente de la transition Catherine Samba Panza et des responsables anti-balaka laissait espérer une « décrispation ».

Des soldats français stationnés dans une rue de Bangui, le 8 octobre 2014 en Centrafrique. © AFP

Des soldats français stationnés dans une rue de Bangui, le 8 octobre 2014 en Centrafrique. © AFP

Publié le 12 octobre 2014 Lecture : 3 minutes.

La tension restait néanmoins palpable dans la ville quadrillée par les forces nationales et internationales –françaises, européennes et onusiennes–, même si les armes, entendues jusque tard dans la nuit de vendredi à samedi dans les quartiers nord, se sont tues. La Minusca, la force des Nations Unies, a indiqué que six Casques bleus avaient été blessés vendredi soir quand des hommes armés ont ouvert le feu sur leur patrouille. Et des accrochages ont été signalés samedi à Gobongo, à une dizaine de kilomètres au nord du centre de Bangui.

"Les habitants fuient en direction de la colline pour se mettre à l’abri des tirs" échangés entre des soldats de la Minusca et les anti-balaka, ces miliciens majoritairement chrétiens qui avaient lancé la chasse aux musulmans au début de l’année, a raconté un témoin à l’AFP.

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Les violences –les pires depuis fin août– qui ont agité la capitale centrafricaine depuis mardi soir ont fait au moins 10 morts, dont un Casque bleu pakistanais (tué jeudi), et de nombreux blessés. Point positif de la journée de samedi: les chauffeurs de taxis ont mis fin à leur grève. Ils protestaient contre la mort d’un des leurs, tué mercredi par des musulmans. Mais la reprise du travail ne sera que progressive faute de carburant, les stations-service étant fermées et certaines rues étant toujours impraticables.

Par prudence, la plupart des Banguissois préféraient rester chez eux. "Tout le monde a peur des détonations, des crépitements, surtout que ça tire n’importe comment, n’importe où et n’importe quand", explique un juriste à Bangui, Ernest Kangba. "Tout s’arrête, on est cloitré et quand on veut relever la tête, ça repart!"

"Lever les malentendus"

Conséquence des récents événements: le trafic civil a été perturbé à l’aéroport de la capitale, proche des quartiers les plus touchés par les affrontements. Royal Air Maroc a décidé de suspendre ses vols en provenance de Casablanca en raison de la "situation d’instabilité" à Bangui. Ils devraient reprendre dès le "retour à la normale", a précisé la compagnie marocaine, l’une des rares à desservir la Centrafrique.

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Celui-ci pourrait intervenir "dimanche ou lundi si la situation s’améliore", a-t-on précisé de source militaire française, insistant sur le fait que l’aéroport n’a pas été officiellement fermé. En attendant, l’équipe centrafricaine de football, qui a disputé un match amical jeudi contre le Maroc à Marrakech –et qu’elle a perdu 4 à 0– n’a pas pu rentrer au pays.

Le retour au calme pourrait être facilité par la rencontre, samedi matin, entre la présidente de la transition centrafricaine Catherine Samba Panza et des responsables des miliciens anti-balaka. "Il est apparu lors de la rencontre de la présidente avec les anti-balaka qu’il y a eu des malentendus. Aujourd’hui, ont peut dire que sa rencontre avec les anti-balaka a permis de commencer à lever ces malentendus", a relevé la porte-parole de la présidence, Marie Antoinette Montaigne Moussa.

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Barricades

"On peut s’attendre à ce que la décrispation arrive progressivement dans les prochains jours, et que le pays retrouve un peu de répit, pour que le peuple commence à vivre et à vaquer à ses occupations", a-t-elle ajouté. De source proche des anti-balaka, ces derniers ont été "bien reçus" par la présidente à laquelle ils ont transmis cinq revendications majeures, souvent très éloignées des position de Mme Samba Penza.

S’ils n’exigent plus directement la démission de la présidente, ils réclament celle du gouvernement, la libération de leurs responsables actuellement sous les verrous, l’arrêt de la traque de leurs hommes, la réintégration de leurs membres qui ont été révoqués de la fonction publique et l’application de l’accord de fin des hostilités signé à Brazzaville en juillet.

En réaction à des meurtres attribués à des musulmans, des barricades avaient été érigées par des individus se réclamant des anti-balaka, mardi et mercredi dans les quartiers nord de la capitale centrafricaine puis jeudi dans le centre. Des affrontements violents ont opposé ces hommes aux troupes étrangères déployées en ville.

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