Air Algérie : quand un litige commercial tourne à l’affaire d’État
Dernier épisode d’un conflit au long cours, la compagnie nationale a récupéré son avion saisi à Bruxelles à la demande du néerlandais K’Air BV. Il était temps : l’affaire virait à la crise diplomatique.
Un litige commercial tourne à l’affaire d’État. Le 12 décembre, un avion d’Air Algérie est saisi à l’aéroport de Bruxelles et ses passagers sont débarqués sans explications. Diligentée sur ordre de la justice belge, cette procédure fait suite à une demande de la société néerlandaise K’Air BV, laquelle invoque une décision de la Cour internationale d’arbitrage défavorable à la compagnie algérienne.
Deux jours après l’arraisonnement du Boeing, le contentieux prend un tour politique avec le rappel pour consultation des ambassadeurs algériens en poste en Belgique et aux Pays-Bas.
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L’origine du différend ? Un contrat de plusieurs millions de dollars, signé en 2008, portant sur la vente par Air Algérie à K’Air BV d’appareils réformés et d’équipements aéronautiques. Puis la société néerlandaise, dirigée par un ex-pilote algérien, verse un acompte de 2 millions de dollars (1,3 million d’euros) à la compagnie nationale en attendant l’exécution dudit contrat. Mais l’affaire tourne mal et Air Algérie met fin à la transaction fin 2009 au motif que l’entreprise néerlandaise n’a pas honoré ses engagements en dépit de multiples mises en demeure.
Colère et émoi
« Faux, répond Hamid Kerboua, PDG de K’Air BV. Nous avions réclamé les documents sur l’historique des matériels. Nous ne les avons jamais reçus. Or, sans eux, la revente est impossible. Et Air Algérie refuse de rembourser l’argent versé. » En mars 2011, il porte donc l’affaire devant une juridiction internationale qui, au terme de trois années de procédure, condamne Air Algérie à restituer à son client le fameux acompte. Fort du jugement de la Cour internationale d’arbitrage, K’Air BV fait saisir, par le biais d’un huissier de justice belge, un avion de la compagnie nationale.
Colère des autorités algériennes et émoi de l’opinion qui s’indigne de ce nouveau revers subi par Air Algérie – notamment après le crash de l’un de ses appareils, en juillet au Mali, qui a coûté la vie à 116 personnes. Au bout de cinq jours de tractations, de démentis et de volte-face, Air Algérie récupère enfin son avion. Mais à quel prix ? Elle a dû verser 2 millions de dollars à K’Air BV, et son appareil a été immobilisé une semaine.
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