Pour Alger, « rien à signaler » après des soupçons de tricherie sur les Hyundai montées en Algérie
L’usine de montage de véhicules Hyundai est au cœur d’une controverse, née sur les réseaux sociaux. Son propriétaire, l’influent Mahieddine Tahkout, est soupçonné de tricheries dans le montage des véhicules produits dans les ateliers de son usine. Malgré la polémique, le richissime entrepreneur annonce de nouveaux projets dans l’industrie automobile.
« Rien à signaler ». C’est la conclusion à laquelle a abouti la commission d’inspection interministérielle qui s’est rendue mardi 28 mars à l’usine de montage de véhicules Hyundai à Tiaret, située à 250 km au sud-ouest d’Alger. Une délégation de 25 cadres des ministères des Finances, de l’Industrie et des Douanes, dépêchée par le Premier ministre Abdelmalek Sellal, a visité les ateliers de montage propriété de Tahkout Manufacturing Company (TMC), installés dans la zone industrielle de Zaaroura sur une superficie de 24 hectares.
« Ils ont passé la journée avec nous et ont suivi tout le processus d’assemblage, de l’arrivée des containers au port d’Oran au montage des pièces dans notre usine. Ils se sont également entretenus avec des techniciens algériens et des cadres sud-coréens », explique à Jeune Afrique Mahieddine Tahkout, PDG de TMC.
« Ils ont constaté que nous respectons le cahier des charges et ils se sont rendus compte que ce qu’ils voyaient n’avait rien à voir avec les photos de propagande qui ont été publiées sur Facebook. Ils nous ont même félicités », se réjouit le propriétaire de Cima Motors, un concessionnaire automobile multimarques dont TMC est une filiale.
Des images montrant des véhicules Hyundai sous cellophane
L’affaire TMC a démarré jeudi 23 mars sur les réseaux sociaux lorsque des internautes ont diffusé sur Facebook des images montrant des véhicules Hyundai sous cellophane, entièrement assemblés, à l’exception des pneus. Ces photos, prises à l’intérieur de l’usine de montage à Tiaret, ont jeté un discrédit sur le projet industriel du groupe fondé par Mahieddine Tahkout.
En juin 2016, ce dernier avait annoncé en grandes pompes l’ouverture de cette usine de montage et l’investissement de 450 millions de dollars qu’il aurait nécessité. Ce qui répondait doublement aux attentes d’Alger : réduire les importations de véhicules neufs et inciter les groupes internationaux à produire davantage sur place.
L’ancien marchand de fruits et légumes, devenu l’un des plus riches et influents hommes d’affaires du pays, est depuis soupçonné d’abuser d’exonérations fiscales prévues par le gouvernement algérien pour inciter les concessionnaires à investir dans l’industrie automobile locale, jusqu’ici à l’état embryonnaire. Mahieddine Tahkout achemine-t-il en pièces détachées des voitures Hyundai interdites à l’importation, depuis l’introduction d’un système de licences en 2016 ? Livre-t-il sur le marché algérien des véhicules, en réalité fabriqués à l’étranger, sous le label « made in bladi » ?
Le propriétaire de l’usine, inaugurée en un temps record – seulement cinq mois de construction ont été nécessaires –, se défend de tricherie. « TMC a commencé par l’assemblage des véhicules comme l’ont fait précédemment deux autres constructeurs de renommée mondiale en Algérie en appliquant le principe de SKD (livraison des véhicules partiellement assemblés, ndlr) qui demeure le plus simple et le plus adapté à notre pays dans le sens où il applique une formule d’assemblage de kits assez simple », expliquait déjà Mahieddine Tahkout, dans un communiqué rendu public quelques heures après la diffusion des photos accablantes.
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