Mali : procès en vue pour Aliou Mahamane Touré, ex-chef de la police islamique de Gao
La chambre d’accusation de la cour d’appel de Bamako a décidé mardi de renvoyer Aliou Mahamane Touré devant une cour d’assises. L’ancien commissaire de la police islamique de Gao est le premier à être jugé pour des crimes commis contre des civils durant l’occupation du Nord-Mali par les groupes armés indépendantistes et jihadistes, en 2012 et 2013.
C’est une décision symbolique, qui était attendue par les victimes civiles et leurs défenseurs depuis des années. Mardi 28 mars, la chambre d’accusation de la cour d’appel de Bamako a décidé de renvoyer Aliou Mahamane Touré, l’ex-chef de la police islamique de Gao, devant une cour d’assises.
Pour la première fois, un membre d’un groupe rebelle ou jihadiste sera donc jugé pour des crimes commis contre des civils durant l’occupation du septentrion malien, de début 2012 à début 2013.
Figure du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) à Gao, il est notamment poursuivi pour atteinte à la sûreté intérieure et extérieure de l’État, tortures, ou encore coups et blessures volontaires. En tout, une dizaine de victimes, dont plusieurs directes, se sont constituées parties civiles dans cette affaire et ont été entendues par le juge d’instruction. Elles sont désormais attendues au procès pour livrer leur témoignage.
Violences sexuelles, amputations et enrôlement d’enfants
« Le procès de Aliou Mahamane Touré doit permettre aux parties civiles de témoigner de leurs souffrances, et que les crimes qu’elles ont subis soient reconnus et pris en compte par la justice malienne. Après cinq ans d’attente, elles peuvent enfin espérer obtenir justice et réparations », souligne dans un communiqué Me Moctar Mariko, président de l’Association malienne des droits de l’homme (AMDH) et avocat des parties civiles dans ce dossier.
Outre les chefs d’inculpation déjà retenus contre lui, l’ex-chef jihadiste est également présumé responsable de divers autres crimes contre des civils : violences sexuelles, amputations, ou encore enrôlement d’enfants… Dans le même communiqué, la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH), qui représente les victimes aux côté de l’AMDH dans cette procédure, demande que ces crimes soient « pleinement » pris en compte « dans l’examen de la culpabilité de M. Aliou Mahamane Touré ». Reste, enfin, à savoir quand s’ouvrira ce procès symbolique devant la cour d’assises.
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