Madagascar : le fils de Ravalomanana dénonce le « kidnapping » de son père
On est sans nouvelles de Marc Ravalomanana, l’ancien président malgache, arrêté lundi alors qu’il était de retour à Madagascar pour la première fois depuis sa chute en 2009. Son fils a accusé mardi les autorités d’avoir kidnappé son père.
Le fils de l’ex-président malgache Marc Ravalomanana a accusé, mardi 14 octobre, les autorités d’avoir "kidnappé" son père. Celui-ci a été arrêté la veille à son retour surprise au pays après six ans d’exil et est toujours retenu dans des conditions inconnues depuis lors.
>> Lire aussi "Madagascar : Marc Ravalomanana n’a été pas été arrêté, mais ‘mis en sécurité’"
S’il n’a été "ni arrêté ni emprisonné" comme le disent les autorités, alors "le président Hery Rajaonarimampianina (l’)a kidnappé", a ainsi lancé devant la presse Tojo Ravalomanana, fils de l’ancien chef de l’État qui vivait en Afrique du Sud depuis sa chute en 2009. Le président avait en effet expliqué la veille que Marc Ravalomanana avait été placé "en sécurité", laissant entendre que son retour constituait une menace pour l’ordre public.
Chamboulements politiques
Mardi matin, le ministère de l’Information a d’ailleurs mis en garde les médias malgaches contre "les propos incitant à la révolte des populations, à la perturbation de l’ordre et de la sécurité publics".
Au parlement, le parti de l’ancien chef d’État, Tiako i Madagascar (TIM, ou J’aime Madagascar) qui compte 19 députés, a annoncé mardi qu’il retirait son soutien à la majorité présidentielle avec laquelle il avait fait bloc contre le camp Rajoelina. "Nous affirmons publiquement que le groupe parlementaire TIM est le groupement légal de l’opposition à partir de maintenant", a-t-il annoncé.
Marc Ravalomanana avait été renversé par Andry Rajoelina, l’ancien maire d’Antananarivo, qui s’était installé au pouvoir à la tête d’un régime non élu dit "de transition". Rajoelina a cédé le pouvoir à Hery Rajaonarimampianina en janvier 2014, à l’issue d’élections démocratiques.
"Je suis de retour, le peuple malgache sait ce qu’il a à faire"
Mystérieusement rentré à Madagascar dimanche soir, apparemment à l’insu des autorités, Marc Ravalomanana a eu le temps de haranguer lundi matin environ 200 à 300 personnes devant chez lui, puis de donner une conférence de presse, durant laquelle il n’a pas clairement expliqué les circonstances ni les motifs de son retour.
Mais sur un ton apparemment provocateur, il a déclaré: "J’étais président en exercice quand j’ai quitté le pays, maintenant que je suis de retour, le peuple malgache sait ce qu’il a à faire". Peu après, une imposante unité d’élite de la gendarmerie, forte d’une quarantaine d’hommes, a fait violemment irruption à son domicile après avoir dispersé ses partisans à coups de gaz lacrymogène et l’ancien président a été emmené de force, entre deux hommes cagoulés.
Vers un procès ?
Depuis, les autorités n’ont plus donné aucune information. Tojo Ravalomanana a demandé aux autorités "de prouver que Marc Ravalomanana n’est victime d’aucun acte de violence (…) Nous, sa famille, ses avocats et son médecin demandons à le voir dans les plus brefs délais". "Hier soir, nous avons demandé à ce qu’on nous laisse amener quelques vêtements et médicaments pour notre père (…) Mais ce sont les forces de l’ordre qui les ont pris et nous ne savons pas si les médicaments sont parvenus ou pas à notre père", a-t-il ajouté, demandant à ce que le président Rajaonarimampianina reçoive en urgence l’épouse de Marc Ravalomanana, Lalao.
Ravalomanana est sous le coup de plusieurs condamnations par contumace. Il a notamment été condamné aux travaux forcés à perpétuité pour la mort de 36 manifestants abattus par sa garde le 7 février 2009 devant le palais présidentiel.
La communauté internationale a aussi dû exercer d’extraordinaires pressions pour qu’il ne se présente pas à la présidentielle fin 2013, ni lui, ni son épouse, afin d’éviter de raviver les tensions dans la Grande Ile.
M. Ravalomanana n’a cependant jamais reconnu la valeur juridique des condamnations prononcées à son encontre, estimant qu’elles avaient été prononcées par un "tribunal fantoche" en son absence. Mais en juillet, il s’était dit prêt à comparaître devant une cour malgache pour répondre des accusations portées contre lui.
(Avec AFP)
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