Novartis tourne la page du tout générique en Afrique

Déterminé à devenir leader sur le continent africain d’ici à 2020, le laboratoire suisse Novartis mise sur une montée en gamme de ses produits.

Chercheur du groupe pharmaceutique Novartis travaillant sur la malaria, à Nairobi. © Novartis

Chercheur du groupe pharmaceutique Novartis travaillant sur la malaria, à Nairobi. © Novartis

Publié le 28 janvier 2015 Lecture : 3 minutes.

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Voilà bientôt trois ans que Novartis mûrit son (re)positionnement africain. Le troisième groupe pharmaceutique du continent ne se cantonne plus à la Malaria Initiative, qui a permis au géant suisse de distribuer à prix coûtant plus de 600 millions de traitements antipaludiques depuis 2001. Fini aussi le temps du tout générique. « C’est une porte d’entrée logique, mais ce n’est pas l’ambition, à long terme, des laboratoires pharmaceutiques », analyse Sylvain Hanssen, directeur du bureau londonien de la société de conseil en stratégie Alcimed. 

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Exit aussi le volet prophylactique, Novartis ayant vendu, en avril, sa division vaccins à GlaxoSmithKline (GSK), qui lui a cédé sa division oncologie. « On s’éloigne des marchés de première nécessité pour mettre en place les bases du marché futur, poursuit l’analyste. Dans les trois ans qui viennent, les investissements seront centrés sur les nouveaux produits. »

« Pour élargir notre empreinte africaine, nous devons déployer nos traitements innovants en vente libre (antalgiques, compléments alimentaires, traitements dermatologiques…), ainsi que les médicaments soignant le diabète, l’épilepsie ou les maladies cardio-vasculaires », confirme Mahesh Karande, responsable de l’activité du groupe en Afrique.

Campagne numérique

Côté organisation, l’activité du laboratoire se structure autour de quatre hubs : le Nigeria, le Kenya, l’Afrique du Sud et la Côte d’Ivoire. « Novartis souhaite se développer dans d’autres marchés clés d’Afrique subsaharienne, à savoir l’Angola, l’Éthiopie, le Cameroun et le Ghana », poursuit Mahesh Karande. Déjà implanté industriellement en Égypte, en Algérie et en Afrique du Sud, le groupe envisage également d’augmenter le nombre de ses usines, sans en dire davantage à ce stade.

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La nouvelle feuille de route de Novartis se traduit aussi par un recours accru aux technologies de l’information et de la communication. Ainsi, après l’initiative SMS for Life visant à réduire les stocks d’antipaludiques, le groupe a lancé, en septembre 2013, dans le cadre de l’organisation Malaria No More, une campagne numérique mondiale de collecte de fonds permettant de financer des tests et des traitements antipaludéens pédiatriques – 3 millions de traitements destinés aux enfants ont ainsi été financés.

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Ce repositionnement permettra-t-il pour autant à Novartis de se hisser en tête des laboratoires sur le continent d’ici à 2020, comme il l’a annoncé ? « Six ans, c’est court. Homologuer les médicaments nécessite des frais importants, avec un retour sur investissement qui peut courir sur du long terme, souligne Marc Livinec, conseiller dans la société d’assurance et de crédit Euler Hermes. Mais le groupe a les moyens de ses ambitions. »

En matière de concurrence, des choix stratégiques ont été faits. « Sanofi se concentre plutôt sur l’Afrique du Nord, GSK sur l’Afrique de l’Est et l’Afrique centrale. Si des pays comme le Ghana et le Nigeria explosent économiquement, l’objectif de devenir le premier laboratoire pharmaceutique en Afrique prendra alors tout son sens pour Novartis », analyse Sylvain Hassen.

>>> Lire aussi : GSK pase à la vitesse supérieure en Afrique subsaharienne

Empreinte

Pour réussir son pari, le géant suisse entend continuer à s’appuyer sur l’activité générique de sa filiale Sandoz. En Zambie, cette dernière a mis en place, en août 2012, en collaboration avec le ministère de la Santé, des health shops, dont le but est d’offrir aux habitants des villages reculés l’accès à des médicaments essentiels déconditionnés – ce qui pourrait potentiellement bénéficier à 2,5 millions de personnes d’ici à 2017. Une façon pour Sandoz, déjà premier fournisseur sur ce créneau en Afrique de l’Ouest francophone, d’étendre son empreinte au sud du Sahara, après avoir ouvert, en 2013, des bureaux au Sénégal, au Kenya, en Éthiopie, au Nigeria, au Ghana et en Zambie.

Cette même année, 380 de ses génériques ont été homologués sur le continent, ses ventes ont bondi de 20 % et le nombre de ses salariés basés au sud du Sahara a doublé.

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