Nigeria : six mois après, que savons-nous des lycéennes kidnappées par Boko Haram ?

Six mois après l’enlèvement de plus de 200 lycéennes par le groupe islamiste Boko Haram dans le nord-est du Nigeria, que sait-on du sort de ces jeunes filles ? Le point sur la situation.  

Mères des jeunes lycéennes enlevées par Boko Haram, le 14 avril. © Reuters

Mères des jeunes lycéennes enlevées par Boko Haram, le 14 avril. © Reuters

MATHIEU-OLIVIER_2024

Publié le 14 octobre 2014 Lecture : 4 minutes.

Mardi 14 octobre, le sort des plus de 200 jeunes filles enlevées par Boko Haram dans le nord-est du Nigeria il y a six mois, sera dans tous les esprits à Abuja, où une manifestation est organisée pour réclamer une énième fois leur libération.

Quelques centaines de membres du mouvement Bring back our girls ont ainsi prévu de marcher jusqu’à la résidence du président Goodluck Jonathan, dans l’espoir qu’une audience leur sera accordée.

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En attendant, voici quatre grandes questions au sujet de leur sort.

Où en sont les recherches ?

Le chef de Boko Haram, Abubakar Shekau, a revendiqué cet enlèvement dans une vidéo, le 5 mai, menaçant de marier les captives de force et de les traiter en esclaves. La semaine suivante, une autre vidéo montrait quelques 130 jeunes filles voilées, récitant des versets du coran, dans laquelle Shekau exigeait la libération de prisonniers de Boko Haram en échange de celle des lycéennes.

>> Lire aussi : "Boko Haram veut traiter les lycéennes enlevées en "otages", les vendre ou les marier de force"

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Peu après, l’armée nigériane, par la voix de son chef d’état-major Alex Badeh, affirmait les avoir localisées, assurant cependant qu’une opération de sauvetage n’était pas envisageable, car trop dangereuse pour les otages. Cette localisation avait été immédiatement mise en doute par des responsables américains, ayant déployé des équipes civiles et militaires au Nigeria et au Tchad voisin

Nous ne perdons pas espoir que nos filles soient libérées un jour.

Depuis ces déclarations, aucune nouvelle mais quelques rumeurs, dont celle d’un passage d’une partie des otages en Centrafrique.

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Aucune information sérieuse ne filtre au sujet des jeunes filles ou des hypothétiques négociations menées avec les islamistes pour obtenir leur libération.

Où en-est la mobilisation internationale ?

L’enlèvement, dans leur lycée de Chibok, dans l’État de Borno, le 14 avril, avait provoqué l’indignation internationale et un déferlement de bons sentiments. On se souvient notamment de la photo diffusée sur les réseaux sociaux de Michelle Obama brandissant une pancarte #Bringbackourgirls.

>> Lire aussi : "Michelle Obama aux premières dames d’Afrique : "We have to fight for our girls""

La campagne Bring back our girls a rapidement explosé sur les réseaux sociaux, tandis qu’au Nigeria, les membres du mouvement, mal vus par les autorités, ont continué à se réunir de façon régulière à Abuja. Cependant, au fil des semaines, les médias internationaux ont cessé de s’intéresser au sort des lycéennes, au bénéfice de l’épidémie d’Ebola et de l’offensive armée de Boko Haram sur des localités du Nord.

Plusieurs pays étrangers, notamment les États-Unis en tête, avec la France et la Grande-Bretagne – ont fourni une aide militaire et logistique, notamment des drones. Ils déplorent cependant la mauvaise collaboration avec l’armée nigériane et le manque de progression des recherches.

Combien de lycéennes ont été retrouvées ?

Au total, 276 adolescentes âgées de 12 à 17 ans ont été kidnappées et emmenées à bord de camions dans l’épaisse forêt de Sambisa, l’un des QG de Boko Haram, non loin de la frontière du Cameroun.

219 jeunes filles sont toujours portées disparues.

Plusieurs dizaines d’entre elles ont réussi à échapper à leurs ravisseurs dans les heures et les jours qui ont suivi, mais 219 jeunes filles sont toujours portées disparues. Léger motif d’espoir : une lycéenne a encore été découverte le mois dernier à Mubi.

Y a-t-il encore de l’espoir ?

Du côté des familles, ces six derniers mois ont pris la forme d’un ascenseur émotionnel, avec des phases d’espoir et de longues périodes d’agonie, raconte Enoch Mark, le chef du conseil des anciens de Chibok, dont la fille et la nièce font partie des captives.

"Au début, nous étions très optimistes, nous pensions que nos filles allaient être retrouvées et sauvées en quelques jours (…) mais cet espoir a diminué de jour en jour", a-t-il déclaré. "À un certain moment, nous avons même envisagé des rites funéraires pour les filles, selon nos traditions", a-t-il poursuivi, expliquant que la découverte à Mubi le mois dernier d’une jeune fille kidnappée avait toutefois redonné un peu d’espoir.

À un certain moment, nous avons même envisagé des rites funéraires pour les filles, selon nos traditions.

"Si cette fille a pu retrouver la liberté au bout de neuf mois (…) nous ne perdons pas espoir que nos filles soient libérées un jour, cela nous a redonné espoir et patience et nous sommes prêts à attendre des années pour que nos filles reviennent parmi nous", a-t-il ajouté.

Cependant, l’espoir des familles est bien mince. La mobilisation internationale étant retombée et les efforts des autorités nigérianes étant jugés, au mieux, insuffisants, la situation risque de ne jamais évoluer. D’autant que, depuis l’enlèvement, Boko Haram a mené, outre des attaques sur des localités du Nord, des dizaines de nouveaux kidnappings dans la région de Chibok. Dans l’indifférence générale cette fois.

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