Tunis favorable à une reprise de ses relations diplomatiques avec Damas « une fois la situation stabilisée »
La Tunisie n’est pas opposée à une reprise de ses relations diplomatiques avec la Syrie, rompues il y a cinq ans, a déclaré ce mardi le chef de l’État tunisien Béji Caïd Essebsi. Dans le même temps, plusieurs capitales internationales mettaient en cause le régime de Bachar el-Assad après l’attaque aux gaz toxiques d’une ville syrienne.
Le président Essebsi a tenu ces propos mardi 4 avril lors d’une rencontre avec des députés tunisiens, qui se sont récemment rendus de leur propre chef à Damas, où ils se sont entretenus avec des responsables syriens, dont Bachar el-Assad.
« Il n’y a pas d’objection fondamentale à ramener les relations à leur niveau normal une fois la situation améliorée et stabilisée dans ce pays frère », a plus précisément déclaré Béji Caïd Essebsi selon un communiqué de la présidence publié ce mardi 4 avril dans la journée.
Cette déclaration coïncide avec celles de plusieurs chefs d’États, qui ce mardi réagissaient à une « nouvelle attaque chimique particulièrement grave » en Syrie. La France a pour sa part « demandé la convocation d’une réunion d’urgence du Conseil de sécurité de l’ONU » à ce sujet, réunion qui doit avoir lieu ce mercredi. Selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme, l’attaque en question aurait fait près d’une soixantaine de morts et 170 blessés.
En février 2012, Tunis avait annoncé l’expulsion de l’ambassadeur de Syrie pour protester contre la répression sanglante menée par le régime de Bachar el-Assad contre ses opposants au début de la guerre civile.
Ce mardi, le président tunisien a rappelé dans son communiqué que son pays avait actuellement « une représentation consulaire à Damas », laquelle « s’occupe des intérêts tunisiens ».
La question des Tunisiens en Syrie
Cités par le communiqué de la présidence, les élus tunisiens ont affirmé que le régime de Damas était disposé à « coopérer avec l’État tunisien pour lui remettre un certain nombre de jeunes Tunisiens présents en Syrie et n’étant pas impliqués dans des affaires de terrorisme ». Selon ces élus, la Syrie serait aussi « prête à fournir des informations sur les filières de recrutement de jeunes Tunisiens vers la Syrie ».
La rupture des relations tuniso-syriennes s’est produite lorsque Moncef Marzouki, rival malheureux de Béji Caïd Essebsi à l’élection présidentielle de 2014, était Président. Plusieurs partis d’opposition tunisiens avaient alors critiqué sa décision, la jugeant « précipitée » et s’inquiétant de ses éventuelles répercussions sur les Tunisiens installés en Syrie.
Damas serait « prêt à fournir des informations sur les filières de recrutement de jeunes Tunisiens vers la Syrie ».
En 2015, la Tunisie avait fait un pas vers le rétablissement des relations diplomatiques en indiquant qu’elle allait désigner un représentant consulaire ou diplomatique auprès du régime de Bachar el-Assad pour « suivre » la situation des Tunisiens en Syrie, dont celle de ses nombreux ressortissants ayant rejoint les rangs d’organisations jihadistes. Au cours des derniers mois, un vif débat a secoué la Tunisie autour de la perspective d’un retour massif de ces combattants.
Une commission d’enquête parlementaire sur les filières jihadistes a été constituée en janvier par les députés tunisiens. Le résultat de ses travaux est toutefois incertain en raison notamment de dissensions politiques sur son action.
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