Tunisie : réunions de crise au Kef et à Tataouine, paralysés par des manifestations

Deux délégations gouvernementales se sont rendues ce mardi dans les gouvernorats de Tataouine et du Kef, en proie depuis plusieurs jours à d’importantes manifestations contre le chômage et la pauvreté.

A Tataouine, en mars 2012. © Wael Ghabara/CC/Wikimedia commons

A Tataouine, en mars 2012. © Wael Ghabara/CC/Wikimedia commons

Publié le 5 avril 2017 Lecture : 3 minutes.

La décision a été prise par le chef du gouvernement Youssef Chahed à l’issue de plusieurs réunions tenues depuis vendredi 31 mars à la Kasbah, informe l’agence TAP. Car depuis près de deux semaines, les habitants de la ville de Tataouine et les villages voisins font connaître leur mécontentement via des sit-in et blocages des routes.

Soutenus par le bureau régional de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), les protestataires, principalement de jeunes chômeurs, dénoncent une marginalisation de leur région : ils demandent du travail, notamment au sein des sociétés pétrolières opérant localement, ainsi qu’une plus grande participation aux projets de développement promis par le gouvernement.

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Engagement pris à Tataouine

Une nouvelle vague de manifestations et des pneus brûlés sur des voies de passage ont empêché de nombreuses personnes de se rendre à l’école ou au travail lundi 4 avril. Les manifestants avaient également installé des tentes un peu partout dans la ville.

Une réunion de plus de huit heures entre la délégation gouvernementale sur place (composée des ministre des Affaires sociales, ministre des relations avec l’assemblée des représentants du peuple et porte-parole du gouvernement, et du secrétaire d’État aux communications) et de jeunes manifestants a donné lieu, mardi 04 avril, à une « déclaration de principes sur le développement et l’emploi » prévoyant une série de mesures urgentes.

Parmi elles, la réactivation des accords conclus entre le gouvernement et la société civile dans la région, l’obligation pour les sociétés pétrolières de recruter à 70% des jeunes du gouvernorat conformément au principe de la discrimination positive, la réalisation des différents projets en attente, ou encore la tenue d’un conseil ministériel sur le développement et l’emploi dans la région avant fin mai.

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« Nous nous engageons à satisfaire les revendications légitimes pour le développement du gouvernorat de Tatatouine », a déclaré à la TAP Mohamed Trabelsi, ministre des Affaires sociales, ajoutant que le gouvernement s’emploie à « adopter une politique de démocratie participative à même de permettre de franchir des pas concrets sans prétendre tout faire ».

Fermeture d’usine au Kef

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Au Kef aussi, le torchon brûle depuis l’annonce de la câblerie de voitures « Coroplast » de fermer provisoirement son usine pendant deux mois, à compter du 4 avril. Des centaines de ses ouvriers observent depuis quelques jours un sit-in à l’entrée de la ville, et des affrontements entre manifestants et forces de l’ordre ainsi que le blocage de la route reliant le Kef à Tunis ont été rapportés par les médias locaux.

À l’occasion d’une réunion extraordinaire du conseil régional du Kef, Mehdi Ben Gharbia, ministre des Relations avec les instances constitutionnelles, la société civile et les droits de l’Homme, s’est voulu rassurant en affirmant que l’usine ne fermera pas. Un accord a été conclu avec le propriétaire pour reprendre l’activité et réintégrer les 390 employés titulaires, a-t-il précisé à la TAP. « Le seul problème concerne les employés contractuels que l’employeur refuse de réintégrer sous prétexte de la fin de leurs contrats. »

Plusieurs organisations estiment qu’il n’y a pas de volonté politique réelle pour aider la région

« Protéger les emplois est un facteur important et vital pour les habitants de la région », a ajouté la ministre des Sports et de la Jeunesse Majdouline Cherni à l’issue de la réunion, boycottée par plusieurs des membres invités. Des représentants de l’Union Tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat (Utica), de l’organisation de la défense des droits de l’Homme, de l’instance des avocats, de l’Union tunisienne de l’agriculture et de la pêche (UTAP) ou encore d’autres partis comme le Front populaire ont d’ailleurs quitté la salle avant le début de la session pour « absence d’une volonté politique réelle d’aider la région à faire face aux problèmes ».

Des employés de l’usine avaient repris leur sit-in ce mardi, appelant à la fin de la marginalisation et de la pauvreté dans le gouvernorat du Kef.

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