Tanzanie : soupçonnées de sorcellerie, sept personnes ont été brûlées vives
La police tanzanienne a fait état vendredi d’un lynchage qui s’est déroulé en début de semaine à Kigoma. Soupçonnées de sorcellerie, sept personnes ont été brûlées vives et une vingtaine de maisons incendiées dans cette région située dans la partie ouest du pays.
"Les victimes ont été attaquées et brûlées vives par une foule de villageois qui les accusaient de pratiquer la sorcellerie", a indiqué, le 10 octobre, Jafari Mohamed, chef de la police pour la région de Kogoma, dans l’ouest de la Tanzanie, soulignant que "cinq des victimes avaient plus de 60 ans et les deux autres étaient quadragénaire et quinquagénaire".
Le lynchage s’est déroulé lundi soir dans le village reculé de Murufiti, dans le département de Kasulu, à environ 1 200 km à l’ouest de Dar es Salaam, la capitale économique tanzanienne. La police a affirmé vendredi que "23 personnes avaient été arrêtées, dont des chefs traditionnels et un sorcier-guérisseur. Ils doivent comparaître pour des chefs d’accusation de meurtres.
Selon Mwananchi, citant des sources locales, les victimes ont été désignées à la vindicte populaire par un guérisseur récemment arrivé dans le village. Ce journal en langue swahili cite également le témoignage d’un jeune homme, Josephat John, qui dit avoir fui le village à l’arrivée de la foule. "Quand je suis revenu le lendemain matin, j’ai trouvé le corps de ma mère, brûlé, à environ 10 mètres de notre maison; et celui de mon père, également brûlé, à l’intérieur de la maison", a-t-il raconté.
>> Lire notre dossier sur les crimes rituels : sur l’autel de la puissance
Avoir des yeux rouges, signe de sorcellerie ?
En 2012, une ONG tanzanienne, le Centre juridique et des droits de l’Homme (LHRC), avait estimé qu’environ 3 000 personnes accusées de sorcellerie, surtout des femmes âgées, avaient été lynchées entre 2005 et 2011 en Tanzanie. "En moyenne 500 personnes d’âge mûr, en particulier des vieilles femmes aux yeux rougis sont tuées chaque année en Tanzanie, soupçonnées d’être sorcières", avait indiqué le LHRC dans un rapport.
L’ONG y expliquait à l’époque que des croyances populaires font des yeux rougis un signe de sorcellerie, alors que selon elle, le phénomène est surtout provoqué par une irritation des yeux de femmes contraintes de cuisiner en utilisant de la bouse de vache comme combustible. Les mêmes croyances imputent à des actes de sorcellerie les coups du sort, mésaventures et désastres frappant personnes comme communautés dans leur ensemble.
Dans les régions frontalières entre la Tanzanie et le Burundi, les croyances occultes restent vivaces. Elles sont également régulièrement le théâtre d’agressions d’albinos, victimes de superstitions qui attribuent des vertus magiques à leur corps, recherchés par les sorciers et guérisseurs. Certains sont tués d’autres amputés lors de ces attaques.
>> Lire aussi : "Blanc ébène", un reportage-photo pour "rendre aux albinos leur dignité"
(Avec AFP)
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