Côte d’Ivoire : un syndicat de planteurs va attaquer en justice le Conseil café-cacao
Les planteurs de cacao de Côte d’Ivoire, premier producteur mondial de la fève, vont traduire en justice pour « l’opacité de leur gestion » les dirigeants de la filière, secouée par une crise née de la mévente de la récolte.
Les cours du cacao sont tombés début mars à leur niveau le plus bas depuis plus de trois ans, en raison d’un excédent prévu de 264 000 tonnes de l’offre par rapport à la demande pour la saison 2016-2017, qui a commencé en octobre.
Depuis novembre 2016, les producteurs ivoiriens n’arrivent plus à écouler leur récolte et les prix minimum d’achat, fixés par le gouvernement ne sont plus respectés, selon leur syndicat.
« Face à la détresse et au désarroi des paysans », le Syndicat national agricole pour le progrès en Côte d’Ivoire (SYNAP-CI) « va intenter une action en justice en vue de faire valoir les droits et les intérêts de ses membres », a déclaré Me Mamadou Lamine Diarrassouba, l’avocat du syndicat.
La plainte, qui sera déposée dès le 7 avril, vise le Conseil du café-cacao (CCC), chargé de la régulation et de la stabilisation de la filière, pour « ses dérives et l’opacité de sa gestion », selon Me Lamine.
« Manquements graves »
Le CCC, dont les membres sont nommés par le gouvernement, est notamment chargé de la gestion d’un fonds de réserve technique, créé en 2013 pour indemniser les cultivateurs en cas des chute des prix. Le montant de ce dernier était estimé à 170 milliards de francs CFA (environ 260 millions d’euros) en 2016.
Les producteurs reprochent au CCC de ne pas avoir débloqué le fonds malgré la crise. Selon leur avocat, le préjudice causé aux planteurs par le blocage de plus de 300 000 tonnes de cacao (non vendues) s’élève à 80 milliards de francs CFA (122 millions d’euros).
« Où est passé ce fonds de réserve ? Car la filière n’a pas connu de crise depuis quatre ans », depuis que les prélèvements alimentant le fonds ont commencé, a demandé Mamadou Lamine Diarrassouba qui entend également porter « les manquements graves des exportateurs » devant le tribunal.
Risques de tension sociale
De nombreux cultivateurs ont été confrontés récemment à des impayés, alors que le nombre d’exportateurs agréés par le CCC a presque doublé ces dernières années.
Début mars, la filière française du commerce équitable s’était inquiétée de la forte chute des cours du cacao pour l’avenir des petits producteurs et des risques de grave tension sociale en Côte d’Ivoire.
« Les cours du cacao ont perdu plus de 35% de leur valeur en si peu de temps », s’est alarmé récemment Massandjé Touré-Litsé, directrice du CCC.
Le cacao représente 15% du PIB de la Côte d’Ivoire, plus de 50% de ses recettes d’exportation et les deux tiers des emplois directs et indirects, selon la Banque mondiale.
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