Syrie : les États-Unis frappent une base militaire en représaille de l’attaque chimique de Khan Cheikhoun

En réponse à l’attaque chimique qui a fait 86 morts dans le nord-ouest du pays, les États-Unis ont bombardé dans la nuit de jeudi à vendredi une base aérienne du régime de Bachar al-Assad en Syrie. Une première depuis le début du conflit, il y a plus de six ans.

Un navire destroyer de la marine américaine lance un missile tomahawk contre une base militaire du régime Assad en Syrie, le 7 avril 2017. © Ford Williams/AP/SIPA

Un navire destroyer de la marine américaine lance un missile tomahawk contre une base militaire du régime Assad en Syrie, le 7 avril 2017. © Ford Williams/AP/SIPA

Publié le 7 avril 2017 Lecture : 4 minutes.

La base aérienne de al-Chaayrate, dans la province centrale de Homs, a été frappée vendredi 6 avril, vers 00h40 (GMT) par 59 missiles de croisière tirés par les navires américains USS Porter et USS Ross qui se trouvent en Méditerranée orientale.

Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme, quatre soldats syriens ont été tués et la base est presque totalement détruite.

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Cette base, d’après le Pentagone, avait été le point de départ des avions qui ont mené l’attaque chimique en début de semaine contre la localité de Khan Cheikhoun (nord-ouest), faisant 86 morts, dont 20 enfants, et près de 160 blessés.

Une réponse « proportionnée »

Les missiles Tomahawk visaient notamment « des hangars aériens renforcés », des stockages de pétrole, de munitions, des défenses anti-aériennes, des radars.

Selon le général H.R McMaster, conseiller à la sécurité nationale du président Donald Trump, les Américains avaient évité de frapper un endroit « où [ils pensaient] qu’il y a du gaz sarin stocké ». « Nous ne voulions pas créer un danger pour des civils ou pour quiconque », a-t-il déclaré.

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La frappe « n’était pas faite pour viser des gens », a déclaré de son côté le capitaine de vaisseau Jeff Davis, porte-parole du Pentagone.

Selon lui, les Russes ont été prévenus à l’avance de la frappe via la ligne de communication spéciale mise en place par les militaires américains et russes depuis l’automne 2015 pour éviter tout incident aérien entre leurs avions respectifs dans le ciel syrien.

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Le porte-parole américain a laissé entendre que la frappe n’avait pas vocation à être répétée. « Il s’agissait d’une réponse proportionnée » à l’attaque de Khan Cheikhoun, destinée à « dissuader le régime d’utiliser des armes chimiques à nouveau ».

Une « agression » pour le Kremlin

« Le président Poutine considère les frappes américaines contre la Syrie comme une agression contre un État souverain en violation des normes du droit international, (se fondant) sur des prétextes inventés », a affirmé le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, cité par les agences de presse russe.

L’Iran a également fermement condamné les frappes. « De telles mesures vont renforcer le terrorisme en Syrie et vont compliquer la situation en Syrie et dans la région », a déclaré un porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, cité par l’agence de presse ISNA.

Réactions internationales

Depuis les frappes, les réactions internationales se succèdent. Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Marc Ayrault, a estimé que l’action américaine constituait une forme de « condamnation » du « régime criminel » de Bachar al-Assad. « Les Russes et les Iraniens doivent comprendre que soutenir Assad n’a pas de sens, nous ne souhaitons aucune confrontation avec eux », a-t-il déclaré, ajoutant  qu’ « un signal avait été donné », c’est un « avertissement ».

Le gouvernement britannique a exprimé son soutien total à l’action américaine, qu’il considère comme « une réponse appropriée à l’attaque barbare à l’arme chimique par le régime syrien et qui a pour but de dissuader de nouvelle attaques », selon un porte-parole.

Israël, grand allié des États-Unis, et l’Arabie Saoudite ont également apporté leur soutien total aux frappes américaines. Le royaume wahhabite a salué « la décision courageuse » de Donald Trump.

L’ « intérêt vital » des États-Unis en jeu, selon Trump

Dans une adresse solennelle à la télévision faite après avoir ordonné cette frappe punitive, Donald Trump, le visage et le ton très grave, a affirmé qu’ « il est dans l’intérêt vital de la sécurité nationale des États-Unis de prévenir et d’empêcher la prolifération et l’usage d’armes chimiques », soulignant « que des années de tentatives de faire changer Assad ont échoué, et échoué dramatiquement ».

Le président américain s’exprimait depuis sa villa à Mar-a-Lago, en Floride, où il recevait le président chinois Xi Jinping. Il a accusé Bachar al-Assad d’avoir lancé « une horrible attaque avec des armes chimiques contre des civils innocents en utilisant un agent neurotoxique mortel ».

Son secrétaire d’État, Rex Tillerson, a renchéri, soulignant que la frappe montre la volonté du président américain d’agir quand des pays « franchissent la ligne ».

Depuis mercredi, les négociations entre les pays membres du Conseil de sécurité de l’ONU  sur un projet de résolution condamnant le régime syrien, proposé par les Occidentaux, étaient dans l’impasse. Le texte avait été jugé inacceptable en l’état par la Russie, qui dispose d’un droit de veto.

Deuxième attaque la plus meurtrière

Selon l’OSDH, il s’agit de la deuxième « attaque chimique » la plus meurtrière de la guerre après celle au gaz sarin qui avait fait plus de 1 400 morts près de Damas en août 2013.

Cette attaque avait failli déclencher une intervention militaire américaine et française, au titre de la fameuse « ligne rouge » de Barack Obama. Mais l’ex-président américain avait à l’époque renoncé au dernier moment, préférant sceller un accord avec Moscou de démantèlement de l’arsenal chimique syrien.

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