Kinshasa envoie une délégation en Zambie où 500 camions transportant du bois rouge sont bloqués

Une délégation du ministère congolais de l’Environnement s’est rendue vendredi en Zambie pour tenter de résoudre l’affaire relative à l’interception sur le territoire zambien de près de 500 camions transportant du bois rouge congolais.

Un camion transportant du bois rouge tombe en panne sur la route Kasenga-Pweto, dans le sud-est de la RDC. © DR

Un camion transportant du bois rouge tombe en panne sur la route Kasenga-Pweto, dans le sud-est de la RDC. © DR

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Publié le 7 avril 2017 Lecture : 2 minutes.

Depuis Lubumbashi, la capitale cuprifère congolaise, Mgr Fulgence Muteba applaudit des deux mains la décision des autorités zambiennes d’intercepter 500 camions chargés de bois rouge en provenance de la RDC. C’est une « prise de conscience au niveau de la région », soutient-il, ce vendredi 7 avril, à Jeune Afrique.

« Si la RDC ne parvient pas à remplir son devoir de protéger l’environnement, les autres pays de la région ont la responsabilité de décourager cette exploitation anarchique du bois rouge congolais », poursuit l’évêque du diocèse de Kilwa-Kasenga, dans l’ex-province du Katanga. C’est dans sa circonscription ecclésiastique en effet que prospère depuis plusieurs mois l’exploitation illégale du bois rouge.

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Moïse Katumbi, ex-gouverneur de cette province, tirait déjà la sonnette d’alarme il y a trois semaines. À l’en croire, « plus de 100 hectares de forêts sont coupés chaque jour sur la route entre Kasenga et Pweto. Et plusieurs camions sont mobilisés pour transporter du bois rouge vers l’extérieur du pays ».

Ces convois passent par la Zambie, puis le bois rejoint l’Asie, selon des sources sécuritaires locales.

Kinshasa appelé à la rescousse

Des exploitants concernés par ce blocus de leurs « marchandises » à Lusaka appellent Kinshasa à la rescousse. « Nous avons dépêché aujourd’hui même [7 avril] le vice-ministre de l’Environnement et une équipe d’experts congolais pour aller s’enquérir de la situation », fait savoir Athys Kabongo, ministre congolais de l’Environnement et du Développement durable.

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« S’ils sont en règle avec la législation congolaise en la matière, ils doivent être autorisés par la Zambie à reprendre leurs camions, 499, 500 ou 1 000 soient-ils ! » tempête ce dernier. « La RDC est un pays forestier : il y a donc des espèces [du bois rouge] exploitables et celles qui sont protégées. On ne doit pas faire croire qu’il y aurait une interdiction formelle d’exploiter du bois dans notre pays », ajoute-t-il.

Peu importe pour le ministre si l’exploitation de ce bois se poursuit même dans le parc national de Kundelungu. « Dès lors qu’on respecte la méthode spécifique mise en place par la stratégie nationale d’exploitation de nos forêts pour ne pas dévaster le pays. C’est que nous appelons le Redd [un processus de réduction des émissions liées à la déforestation et à la dégradation forestière, ndrl] », théorise Athys Kabongo. Traduction : il y donc aurait une « politique nationale de reboisement dans les concessions forestières du pays ».

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« Depuis le départ de Katumbi… »

« Faux », rétorque de son côté Mgr Fulgence Muteba, très impliqué localement dans la lutte contre l’exploitation illégale du bois rouge dans le Haut-Katanga. « En 2013, nous avions alerté Moïse Katumbi, alors gouverneur de province. Ce dernier avait instruit des forces de sécurité pour remettre de l’ordre. Des exploitants illégaux avaient alors été arrêtés », raconte le membre du clergé.

Cette exploitation à forte intensité du bois rouge ne profite guère aux communautés locales, selon Mgr Muteba.

Et de déplorer : « Depuis son départ, on assiste à la destruction méchante du patrimoine forestier de la région : des officiers de l’armée, des étrangers − Tanzaniens, Maliens mais surtout des Chinois venus pour construire des routes − s’adonnent, souvent sans titres, à ce trafic sans se préoccuper du reboisement. »

Mgr Muteba regrette que cette « exploitation à forte intensité du bois ne profite guère aux communautés locales ». Et invite enfin les autorités congolaises à respecter les lois du pays et leurs engagements internationaux, notamment ceux souscrits à Paris lors du COP21.

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