Législatives tunisiennes : « Le poids d’Ennahdha sera contrebalancé », selon Ghazi Gherairi

L’ancien porte-parole de la Haute Instance pour la réalisation des objectifs de la révolution, Ghazi Gherairi, analyse les enjeux des législatives du 26 octobre. Au sein de l’Assemblée, et aussi au-delà.

Ghazi Gherairi estime que des changements doivent être apportés à la justice tunisienne. © D.R.

Ghazi Gherairi estime que des changements doivent être apportés à la justice tunisienne. © D.R.

Publié le 15 octobre 2014 Lecture : 2 minutes.

JEUNE AFRIQUE: La cohabitation semble incontournable au sein de la future Assemblée. Comment pourra-t-elle travailler ?

GHAZI GHERAIRI: Depuis 2011, la scène politique tunisienne a gagné en rationalité, notamment avec l’émergence d’une force pouvant, sinon excéder, du moins contrebalancer le poids électoral d’Ennahdha. Il est donc difficile d’imaginer qu’un parti seul ou même un front électoral obtienne, le 26 octobre, la majorité absolue. Par ailleurs, le nom du parti qui arrivera premier importera davantage que le pourcentage de voix obtenues, car il aura à désigner le futur chef du gouvernement. Lequel adoptera donc le format d’une assez large coalition, ou d’une union nationale.

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Quelles sont les conditions de mise en oeuvre de la nouvelle Constitution ?

La prochaine Assemblée devra transcrire les choix retenus par la Constitution du 26 janvier dans des lois spécifiques prêtes à être appliquées. Des changements profonds doivent être apportés à l’organisation judiciaire, à l’administration territoriale, aux conditions d’exercice de certains droits, aux emblèmes de la République, au statut de certaines institutions, et dans bien d’autres domaines encore, pour les rendre compatibles avec la nouvelle Constitution. En outre, de nouveaux acteurs des scènes juridique et politique tunisiennes devront apparaître, à l’instar de la Cour constitutionnelle créée ex nihilo par ladite Constitution. Cette fastidieuse mission prendra au moins une ou deux législatures.

Est-ce que le choix d’un modèle sociétal doit être porté par les partis ?

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La campagne électorale de 2011 était particulièrement axée sur le modèle sociétal et la question identitaire. Il s’agissait en effet des premières élections libres de l’histoire de la Tunisie, et leur finalité était d’élire une Assemblée constituante, non un Parlement. Les législatives actuelles devraient susciter une compétition entre différents projets de gouvernement et une confrontation entre des programmes socio-économiques distincts. En principe, le jeu politique doit se limiter à des compétiteurs qui ont admis le mode sociétal retenu par la Constitution. Ses premiers articles tranchent cette question en rappelant l’équation tunisienne, celle d’un pays arabo-musulman érigeant un État civil et démocratique. Les divergences doivent désormais éclore à l’intérieur de ce choix, et non à son propos.

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Propos recueillis par Frida Dahmani

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