RDC : l’appel de l’opposition à manifester contre Kabila se perd dans le vide après l’interdiction de la police
Les rues de Kinshasa sont restées vides lundi alors que le parti historique de l’opposition congolaise avait appelé à manifester massivement contre le président Joseph Kabila.
La capitale avait des allures de ville fantôme lundi. La police avait annoncé dimanche soir l’interdiction, dans l’ensemble du pays, des rassemblements prévus par l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS). A l’échelle de la ville, la présence policière et militaire était visible sans être omniprésente. L’interdiction des forces de l’ordre aura suffi à dissuader les manifestants.
Situations similaires à Lubumbashi et à Goma, contrôlées lundi par un fort dispositif militaire et policier et où les manifestations ne se sont finalement pas déroulées.
À Kinshasa, les organisateurs de la marche – UDPS et Rassemblement – avaient indiqué qu’ils comptaient marcher jusqu’au palais présidentiel. Selon le porte-parole de la police congolaise, le colonel Pierrot-Rombaut Mwanamputu, le parcours qui était prévu pour la marche comportait « les germes de l’insurrection » et devait donc être interdit tout comme les rassemblements organisés sur l’ensemble du territoire, avait-t-il déclaré à l’AFP. « Tout attroupement de plus de dix personnes sera dispersé » par la police, avait-il ajouté.
Le mouvement politique fondé par Étienne Tshisekedi accuse le président Joseph Kabila d’être le « principal obstacle au processus démocratique » dans le pays.
Kabila, « le principal obstacle »
Joseph Kabila « a délibérément pris le parti de multiplier, en ce moment pourtant critique, des manœuvres politiciennes qui enfoncent davantage la RDC dans le chaos », a lancé à la presse Félix Tshisekedi, président du Rassemblement. « M. Joseph Kabila s’érige désormais en principal obstacle au processus démocratique, faisant de notre pays une zone instable et une menace pour la paix et la sécurité internationale », a-t-il ajouté.
Cet appel à manifester intervient deux jours après la nomination de Bruno Tshibala, un dissident de l’UDPS et du Rassemblement, au poste du Premier ministre par le président Kabila. Une décision qui découle d’un accord de cogestion de la transition, conclu le 31 décembre 2016 entre l’opposition et la majorité, pour tenter de sortir la RDC de la crise provoquée par le maintien au pouvoir de Kabila au-delà du 20 décembre 2016, fin de son deuxième et dernier mandat constitutionnel.
L’UE inquiète
Pour l’opposition, la nomination de l’ancien porte-parole du Rassemblement au poste de Premier ministre est « une conséquence des tripatouillages du pouvoir » faites « au mépris de la lettre et de l’esprit de l’accord du 31 décembre », s’est insurgé Félix Tshisekedi qui briguait ouvertement le poste. Un avis partagé par la représentation de l’Union européenne en RDC, qui a fait part de son « inquiétude ». Avant d’être exclu du Rassemblement et de l’UDPS, Bruno Tshibala avait contesté la légitimité du fils de l’opposant congolais à la tête de l’opposition.
L’opposant Moïse Katumbi, toujours en exil, a également réagi dans un communiqué, estimant que la désignation de cet ancien dirigeant de l’opposition illustre « le cynisme de Joseph Kabila et son irrespect du peuple congolais » avant d’encourager « les Congolais et la communauté internationale à ne pas reconnaître le gouvernement du nouveau Premier ministre ».
Le chef de la Mission de l’ONU en RDC, Maman Sidikou, a dit avoir pris « acte » de la nomination de Bruno Tshibala, soulignant « la lourde responsabilité qui incombe à l’ensemble des acteurs politiques congolais en cette phase critique de l’histoire de leur pays ».
Après avoir fait ces déclarations, Félix Tshisekedi a quitté dimanche la capitale Kinshasa à destination de la capitale éthiopienne Addis Abeba, a-t-on appris de source aéroportuaire.
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