Guinée : le prédicateur Oustaz Taibou et sa femme encourent 18 mois de prison pour escroquerie

Le procureur de la République du tribunal de première instance de Mafanco, en banlieue de Conakry, a requis vendredi 7 avril 18 mois de prison avec sursis et 500 000 francs guinéens d’amende contre le célèbre prédicateur Mamadou Taibou Bah. Il est poursuivi pour escroquerie.

L’escroquerie à laquelle est accusé Oustaz Taïbou de s’être livré équivaudrait à environ 8 milliards de francs guinéens. © Banque Central de la République Guinée/CC/Wikimedia commons

L’escroquerie à laquelle est accusé Oustaz Taïbou de s’être livré équivaudrait à environ 8 milliards de francs guinéens. © Banque Central de la République Guinée/CC/Wikimedia commons

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Publié le 11 avril 2017 Lecture : 2 minutes.

Ouvert en mars dernier, le procès pour escroquerie intenté par le spécialiste des opérations de change Thierno Nouhou Diallo, contre le célèbre prédicateur Mamadou Taibou Bah et son épouse, Hafsatou Baldé, suscite intérêt, stupéfaction et compassion à Conakry.

Le Tribunal est envahi à chaque audience, notamment par les commerçants de Madina, le plus grand marché du pays situé dans les environs, et lieu de travail de la présumée victime. Montant de l’escroquerie, selon elle : près de 8 milliards de francs guinéens (soit un peu plus de 811 000 euros)

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Mamadou Taibou Bah, surnommé Oustaz Taibou, était jusque-là connu pour ses prêches islamiques en Guinée et à l’étranger, où il est régulièrement invité par la diaspora − notamment aux États-Unis, en Belgique où encore en Turquie −. Outre sa connaissance du Coran, sa maîtrise du français et son statut de diplômé en Droit font d’Oustaz Taibou un prédicateur populaire. Du moins jusqu’à la fin de l’année 2016.

Une entreprise « chimérique » ?  

Pour comprendre de quoi le prédicateur est actuellement accusé, il faut remonter au mois de juillet 2015. Le 6 juillet, à 19h, Thierno Nouhou Diallo se rend sur invitation chez « son vieil ami » Mamadou Taibou Bah, à Koloma, quartier populaire de Conakry, dans la commune de Ratoma. Les deux se connaissent de longue date.

« Oustaz Taibou m’a présenté sa femme et un projet de commercialisation de poisson, explique à la barre la présumée victime. Ils m’ont demandé de leur prêter 50 000 dollars, qui me seraient remboursés dans les vingt jours. » Le couple n’aura que quinze mille dollars, qu’il remboursera avec un petit retard.

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De nouveaux prêts auraient été négociés, jusqu’à atteindre les huit milliards de francs litigieux. Mais depuis, l’argent qui devrait permettre à Hafsatou Baldé de faire du commerce de poisson et de rembourser son créancier avec des intérêts est introuvable. Tout comme sa marchandise.

L’entreprise auprès de laquelle elle devait s’approvisionner reconnaît avoir eu des relations commerciales avec la femme du prédicateur mais d’une valeur bien en-deçà du montant total du prêt. Ce qui fait dire à la partie civile qu’il s’agit là d’ « une entreprise chimérique ». En guise de preuves, Thierno Nouhou Diallo a communiqué à la justice des conversations téléphoniques et des reçus signés du couple.

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Rendez-vous le 14 avril

Le couple ne reconnaît pas les faits. La légalité des preuves exhibées est contestée par leurs avocats qui qualifient le montant total du prêt « d’erroné » et l’affaire de « purement civile ». Par conséquent, ils plaident la relaxe de leurs clients.

De son côté, le ministère public requiert 18 mois de prison ferme et 500 000 francs guinéens d’amende contre Hafsatou Baldé, et la même peine assortie de sursis contre le mari, Oustaz Taibou. Nonobstant la réparation des dommages subis et le paiement des intérêts que la partie civile évalue à six milliards de francs guinéens (soit environ 610 000 euros). La décision du Tribunal sera connue le 14 avril prochain.

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