Les adieux du Burundi à Antime Baranshakaje, gardien du tambour sacré
Antime Baranshakaje, figure historique de la culture burundaise, a rendu l’âme dimanche 9 avril après quatre mois d’hospitalisation. Une nouvelle tragique qui suscite l’émoi dans tout le pays.
Toutes les voix, endeuillées, sont unanimes : un monument tombe, une étoile s’éteint. Antime Baranshakaje, l’homme qui a consacré plus d’un demi-siècle de sa vie à la culture burundaise n’est plus. Hospitalisé depuis décembre 2016 après un accident, le vieux et intrépide tambourinaire a rendu l’âme à l’âge de 81 ans dans la nuit du dimanche 9 avril à l’hôpital Roi Khaled de Bujumbura.
Les messages d’adieux, faits de révérence et de reconnaissance, tombent les uns après les autres, saluant la mémoire d’un homme qui a fait découvrir au monde ce que le pays avait de plus cher : le tambour, inscrit il y a deux ans au patrimoine immatériel de l’Unesco.
« Le Burundi perd un trésor national, un homme d’exception qui aura marqué de son empreinte l’histoire et la culture de notre pays et aura contribué au rayonnement du Burundi dans le concert des Nations », lit-on dans un communiqué de presse de la présidence publié ce lundi 10 avril, quelques heures après l’hommage rendu par Pacifique Nininahazwe, une des figures emblématiques de la société civile burundaise : « En battant du tambour, il [Antime Baranshakaje] avait été le meilleur ambassadeur du Burundi dans tous les coins du monde. Le tambour pour lui, ce n’était pas que du folklore, c’était plutôt le symbole sacré de la nation burundaise ».
Gardien du tambour sacré
L’âge semblait ne pas avoir de prise sur Antime. C’est souriant et plein d’énergie qu’on le voyait encore au milieu des jeunes pour battre le tambour et danser au rythme de celui-ci. Ayant grandi non loin de l’ancienne capitale royale, à Gitega, au centre du pays, Antime Baranshakaje était considéré comme le gardien du tambour sacré, symbole du pouvoir royal.
La figure historique meurt après que les médecins lui ont prescrit « une opération rapide » mais qui n’a jamais eu lieu. « Il fallait au moins 6 000 dollars sans compter les billets d’avion », a confié un membre de la famille. Son hospitalisation avait été rendue possible par un appel à contributions lancé par la presse locale, notamment SOS Médias et le groupe de presse Iwacu.
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