Aide au développement : l’Afrique recule encore

Les chiffres préliminaires rendus publics par l’OCDE ce mardi montrent une érosion de l’Aide publique au développement (APD) à destination de l’Afrique, et de l’Afrique subsaharienne en particulier.

Des boîtes de conserve usagées s’entassent à Dabaad au Kenya le 26 juillet 2011. © Schalk van Zuydam/AP/SIPA

Des boîtes de conserve usagées s’entassent à Dabaad au Kenya le 26 juillet 2011. © Schalk van Zuydam/AP/SIPA

Publié le 11 avril 2017 Lecture : 2 minutes.

Trou d’air dans l’aide publique à destination de l’Afrique. Les chiffres préliminaires publiés ce mardi 11 avril montrent une baisse de l’Aide publique bilatérale (de pays à pays) versée par les pays membres du Comité d’aide au développement (CAD), créé au sein de l’OCDE pour regrouper les plus importants bailleurs internationaux.

Ainsi, si leurs crédits cumulés vers l’Afrique s’établissaient en moyenne à 30 milliards de dollars entre 2010 et 2014, selon l’OCDE, ils sont retombés à 27 milliards de dollars en 2016, dont 24 milliards pour l’Afrique subsaharienne. Ce qui les situent davantage vers leur niveau moyen sur la période 2000-2009 (25,2 milliards de dollars en moyenne).

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C’est d’autant plus inquiétant que l’APD totale (projets bilatéraux et multilatéraux, coopération technique, aide humanitaire, effacement de dettes) est en forte croissance, toutes zones bénéficiaires confondues. En effet, les pays du CAD ont collectivement alloué 142,6 milliards de dollars à l’APD en hausse de 8,9% sur un an.

+102% des aides totales depuis 2000

Mieux, ce montant « a doublé depuis 2000 (+102% après correction de l’inflation et des variations de taux de change par rapport au dollar) » et la part moyenne de l’APD se situe à 0,32% des Revenus nationaux bruts (RNB) des pays donateurs. « Elle n’a plus été à ce niveau depuis 2005 », estime l’OCDE qui explique notamment la hausse du fait des interventions en faveur des réfugiés.

Cette année, les habituels bons élèves (Danemark, Luxembourg, Norvège, Suède et Royaume-Uni) de l’aide internationale, ceux qui tiennent le cap des 0,7% du RNB alloué à cette politique, sont rejoints par l’Allemagne. Alors que les Pays-Bas n’en sont plus, « une première depuis 1974 ».

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En attendant le détail des pays et secteurs récipiendaires, traditionnellement publiés en décembre de chaque année, le recul global africain confirme la tendance des années antérieures.

Pour l’ONG ONE, entre 2004 (une année avant que ne soient pris les engagements de Gleneagles en matière d’aide) et 2010, l’APD des pays du CAD à destination de l’Afrique a augmenté de 42%, pour passer de 24,5 à 34,7 milliards d’euros. Or, en 2012, ils étaient retombés à 33,1 milliards d’euros.

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Une baisse « inacceptable »

« Il est inacceptable que l’aide aux pays les plus pauvres soit en baisse, une fois encore », a réagi mardi 11 avril José Angel Gurría, le secrétaire général de l’OCDE. L’organisation des pays développés attribue cette baisse des aides bilatérales en Afrique « aux engagements non tenus de certains pays du CAD ».

Un porte-parole de ONE, interrogé par Jeune Afrique, estime pour sa part que cette baisse est « limitée à l’aide bilatérale et peut-être due au retrait d’un seul pays ».

Hors du CAD, la Turquie, à 6,1 milliards de dollars, fait augmenter sa contribution de 60% sur un an et rejoint les Émirats arabes unis (1,12% du RNB allouée à l’APD) au-dessus des 0,7% – l’objectif qui fait autorité parmi les pays donateurs depuis 1970.

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