France-Afrique : à l’Élysée, François Hollande soigne son héritage africain

En moins de deux semaines, du 31 mars au 14 avril, François Hollande a reçu (et va recevoir) quatre présidents ouest-africains − le Nigérien Mahamadou Issoufou, le Guinéen Alpha Condé, le Mauritanien Mohamed Ould Abdelaziz et le Burkinabè Roch Marc Christian Kaboré −pour ce qui ressemble à un testament africain.

François Hollande pendant sa campagne présidentielle à Nice, le 28 mars 2012. © Christophe Ena/AP/SIPA

François Hollande pendant sa campagne présidentielle à Nice, le 28 mars 2012. © Christophe Ena/AP/SIPA

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Publié le 11 avril 2017 Lecture : 3 minutes.

Alors que le premier tour de la présidentielle française se tiendra le 23 avril prochain, François Hollande vit ses derniers jours à l’Élysée. Et, en ces dernières heures présidentielles, le chef de l’État a choisi de mettre l’accent sur l’Afrique ; plus particulièrement sur l’Afrique de l’Ouest et le Sahel, où il a étrenné son costume de chef de guerre en 2012, alors que l’armée française débarquait au nord du Mali.

Il a d’abord reçu à déjeuner le président nigérien Mahamadou Issoufou, le 31 mars dernier. En présence, notamment, des ministres de la Défense, Kalla Moutari, et de l’Intérieur, Mohamed Bazoum, il avait abordé la situation sécuritaire dans le Sahel et la coopération avec l’opération Barkhane en matière de renseignement, que Niamey espère voir renforcée.

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Priorité au G5 Sahel

Il doit faire de même le mercredi 12 avril avec son homologue mauritanien Mohamed Ould Abdelaziz, personnellement invité par l’Élysée en cette fin de mandat. Nouakchott accueille en effet la base du G5 Sahel, l’organe regroupant la Mauritanie, le Mali, le Niger, le Burkina Faso et le Tchad et chargé de gérer la réponse ouest-africaine aux attaques jihadistes dans la région.

Enfin, deux jours plus tard, le vendredi 14 avril, même programme avec le Burkinabè Roch Marc Christian Kaboré, lui aussi de plus en plus impliqué dans la lutte contre les jihadistes, et en premier lieu contre Ibrahim Dicko. Alors que les relations se sont récemment tendues avec le Tchad, l’Élysée semble en cette fin de mandat vouloir s’appuyer sur le Niger, la Mauritanie, le Tchad et le Mali.

Seul chef d’État non-sahélien reçu par François Hollande : Alpha Condé, ce mardi 11 avril. Mais le Guinéen, s’il n’est pas membre du G5, n’en est pas moins incontournable. Il a été élu à la tête de l’Union africaine fin janvier, en remplacement du Tchadien Idriss Déby Itno et hérite de la situation sécuritaire au Sahel. De plus, le Français et son homologue de Conakry se connaissent particulièrement bien : l’amitié qui les lie date de plusieurs décennies, alors que les deux hommes se croisaient déjà dans les cercles socialistes de Paris.

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Un héritage africain pour François Hollande

L’enjeu de cette dernière ligne droite africaine pour François Hollande est immense : convaincre les observateurs qu’il laisse derrière lui un Sahel mieux sécurisé, pour les Africains et par les Africains. Il espère pour cela laisser derrière lui une politique sécuritaire sahélienne en ordre de marche et, surtout, davantage pilotée depuis les capitales ouest-africaines.

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La France a d’ailleurs d’ores et déjà affirmé, par la voix de son ministre des Affaires étrangères Jean-Marc Ayrault − en visite à Nouakchott le 6 avril puis à Gao et à Bamako (où il a rencontré le président Ibrahim Boubacar Keïta) −, qu’elle poursuivrait son appui au G5. François Hollande espère en outre contribuer à mettre sur les rails le grand projet sécuritaire du G5, celui d’une force d’intervention commune, qui est encore loin d’être opérationnelle.

Décidé à rester un point d’appui en matière de renseignement et de formation des troupes, il ambitionne en outre de voir l’Allemagne s’aligner sur sa position afin de partager les efforts. Plusieurs candidats à l’Élysée, notamment Emmanuel Macron et Benoît Hamon, qui sont tous deux ses anciens ministres, ont d’ailleurs intégré à leur programme le renforcement de la coopération franco-allemande en matière de politique africaine.

Car aucune capitale africaine ne l’ignore : si François Hollande, l’homme de Serval et de Barkhane, cherche légitimement à laisser une dernière trace dans la politique africaine française, c’est désormais chez ses successeurs potentiels que celle-ci se joue.

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